Je crois l’avoir déjà écrit plusieurs fois … Je ne suis pas très fan de thrillers. Voilà. Malgré ça, de temps en temps, j’en essaie un, pour voir, histoire qu’on ne puisse pas m’accuser de sectarisme. Comme on pourrait aussi m’accuser de ne lire que les « grands » éditeurs, pendant les vacances j’ai fait un double mea culpa. J’ai lu un thriller, Le hameau des purs de Sonia Delzongle, publié chez un éditeur jusque là inconnu de ma pomme.
1989, Audrey Grimaud, jeune journaliste ambitieuse, est dépêchée pour couvrir un fait divers macabre : toutes les maisons d'un hameau perdu dans la campagne, occupé par les adeptes d'une communauté ont brûlé. Mais ce n'est pas seulement pour le scoop qu'Audrey s'intéresse à cette affaire. Dans son enfance, elle a passé ses vacances dans ce hameau, chez ses grands-parents qui faisaient partie des Purs, ce groupe qui vit replié, austère, en refusant tout contact avec le monde moderne. Elle connaît peut-être certaines des victimes dont les corps carbonisés ont été retrouvés.
Et puis il y a l'Empailleur, ce tueur en série qui fait une victime tous les ans dans la région, et sème les cadavres empaillés … Le passé ne va pas tarder à rejoindre Audrey.
Qu’en pense-je ? Ben que ce n’est pas ce hameau qui va me faire changer d’avis sur les thrillers. Car il a tout les ingrédients qui marchent et qui moi m’agacent : un serial killer avec mise en scène bien macabre, une secte, un soupçon de visions et de mysticisme (chez d’autres c’est un poil d’ésotérisme) … Alors ce n'est pas trop mal fichu, c'est même par exemple meilleur que le Chuchoteur (je sais, c’est de l’acharnement sur ce pauvre chuchoteur).
Ce qui est bien c’est la description de la nature et de ce hameau hors du temps. C’est aussi une écriture maîtrisée et agréable. Et finalement, je suis allé au bout sans déplaisir. Mais sans passion et non sans quelques agacements.
Tout d’abord parce que je n’ai pas réussi à m'intéresser aux personnages, ni à avoir la trouille quand ils courent un danger. Je me fichais de ce qui leur arrivait, les morts ne me faisaient même pas mal, et la dernière scène de la seconde partie, quand l’héroïne va se mettre toute seule dans la mouise est vraiment téléphonée (à croire que l’héroïne, elle, n’a jamais lu de polar !).
Ensuite, mais là c’est très personnel et ce n’est pas une critique mais une constatation, parce que les Purs du bouquin me filent de l’urticaire. Rien que de s’appeler purs … ça me donne une furieuse envie de faire partie des impurs, ceux qui se mélangent, qui pètent à table, mangent impur, baisent impur et surtout, pensent impur.
Et puis il y a une certaine accumulation … Les purs, le serial killer, la folie, l’inceste … Et comme si ça ne suffisait pas, un petit coup d’enfants juifs pendant la guerre. L’ennui étant qu’aucune de ces thématiques n’est creusée, et qu’on finit par se demander ce que les uns et les autres font là.
Maintenant ceux qui veulent le lire doivent arrêter parce que je vais dévoiler un élément important du final.
Voilà, le final ne m’a pas convaincu. Parce que c’est trop facile de changer de point de vue comme ça, hop, sans préavis, sans explication. Ca permet de cacher sous le tapis toutes les petites incohérences de l’histoire, d’éviter les explications qui seraient peut-être un peu difficiles à fournir, et ça fait du coup de théâtre retentissant à peu de frais.
Puis surtout, on ne peut (ou du moins je n’ai pu) s’empêcher de penser à Lehane et à son génial Shutter Island. Et ça c’est dur parce que c’est écrasant. Parce que chez Lehane on tremble, on dévore, et on est complètement bouleversé par le final, au point de relire immédiatement pour voir où on aurait pu comprendre. Et le plus fort c’est qu’on retrouve alors une seconde cohérence au bouquin. Et là non. Les retournements sont absolument imprévisibles, même à posteriori, alors que la force de ce genre de construction de haute voltige est que le lecteur, a posteriori, s’aperçoive qu’il avait tous les éléments en main. Alors bien sûr l’auteur a tous les droits, mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est un peu facile.
Bref, je ne me suis pas ennuyé, mais je ne recommande pas. Mais comme je ne suis pas le seul lecteur du web, vous pouvez vous faire une idée, en allant chez l’ami Black Novel qui a aimé, ou Biblio Manu qui est plutôt de mon avis. Faites votre choix.
Sonia Delzongle / Le hameau des purs, Cogito (2011).