Je ne vous cacherai pas que quand j’ai reçu La fille de femme-araignée d’Anne Hillerman, j’étais à la fois heureux et inquiet, impatient et anxieux. C’est sans doute pour cela que j’ai attendu un moment avant de le lire. Verdict : Anne a bien repris le flambeau, la police navajo est de retour.
En sortant du restaurant où il venait de prendre le petit-déjeuner avec ses anciens collègues, Joe Leaphorn, le légendaire lieutenant à la retraite devenu privé est abattu, sous les yeux de Bernadette Manuelito. Le tireur, un inconnu, réussit à prendre la fuite. Jim Chee se retrouve en charge de l’enquête et si Bernadette est sensée se tenir à l’écart (en tant que témoin, elle ne peut participer activement), on se doute bien qu’elle va désobéir aux ordres.
D’emblée Anne Hillerman tue le père : Joe Leaphorn au tapis dans les premières pages. Comme ça c’est fait, c’est une suite, c’est un hommage, mais c’est Bernadette qui prend le flambeau. Cela ne pouvait pas être plus clair …
Pour le reste, on retrouve avec un immense plaisir des personnages et des paysages que l’on croyait perdus à jamais pour nous, pauvres lecteurs fans de la Police de la Nation Navajo. Parce que si La fille de femme-Araignée n’est pas le meilleur de la série, il en est tout à fait digne, et c’est même un très bon épisode. On y retrouve tout ce qui a fait son succès : Une intrigue soignée, des personnages que l’on connaît, toujours aussi bien campés et dont on suit en même temps les enquêtes et la vie privée, de très belles descriptions des paysages, et un fond très documenté sur l’histoire, la culture et la vie quotidienne dans ce coin perdu des US qu’on a appris à connaître.
La patte de la fille, là où on voit de légères différences, c’est le choix de centrer l’histoire sur le personnage féminin de Bernadette, de mettre en avant ses relations avec sa mère et sa sœur (qui éclairent sur l’évolution d’une structure familiale originale en train de se diluer dans le mode de vie US), et de faire peut-être passer plus d’émotion que son père.
A signaler également un final assez costaud et très bien mené. Bref, du beau boulot, qui fait plaisir et qui donne envie de voir ce que va donner la suite.
Anne Hillerman / La fille de Femme-Araignée (Spider woman’s daughter, 2013), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’américain par Pierre Bondil.