Avec Polaroïd les éditions In8 tentent quelque chose de difficile : donner leur chance à des novellas, ces textes trop longs pour être des nouvelles, trop courts pour des romans. Une distance certainement difficile à appréhender pour un auteur (mais qu’est-ce que j’en sais moi, qui suis incapable d’imaginer le début de commencement d’une histoire ?). Toujours est-il qu’avec Moskova je trouve qu’Anne Secret n’a pas tout à fait trouvé la bonne distance.
Fin 89, le mur de Berlin tombe. Euphorie dans toute la ville. Pas pour tous. Anton, français qui vivait à Berlin Est fuit, avec de faux papier, et retourne à Paris. Là il vivote, grâce à l’aide de son frère, dans la crainte perpétuelle. Mais dans la crainte de quoi ?
Pourquoi ai-je dit qu’à mon goût Anne Secret n’a pas trouvé la bonne distance ? Juste parce que je suis resté sur ma faim.
Le plus réussi dans le roman ce sont les personnages et la description de la solitude. Solitude due à la crainte, au manque de confiance en soi, au coups de la vie, aux petites saloperies de l’existence qui, sans la détruire complètement, érodent petit à petit l’envie de vivre, qui confortent dans l’idée qu’on est fait pour la grisaille. La galerie de personnages est très réussie, avec ceux qui doutent, ceux qui se battent encore, et ceux qui profitent … Tout une population parisienne populaire en train de disparaître, chassée peu à peu hors de la ville.
Là où je suis resté sur ma faim c’est que j’aurais eu envie de les côtoyer un peu plus longtemps, et que la fin tombe de façon un peu abrupte avec un dénouement un poil artificiel. Finalement, je me demande si le texte n’aurait pas gagné à être recentré sur la vie quotidienne quitte à laisser tomber le prétexte historique (chute du mur et secrets de la RDA révélés …).
Ceci dit, mieux vaut un texte que l’on trouve trop court qu’un texte qui semble bien trop long ! Je suis curieux de connaître vos avis.
Anne Secret / Moskova, In8/Polaroïd (2012).