J’avais vraiment apprécié l’atmosphère de L’épouvantail, roman du néo-zélandais Ronald Hugh Morrieson. C’est pourquoi je me suis précipité sur Rendez-vous avec un spectre, du même auteur, tout récemment publié chez Rivages. Pas mal, mais je n’ai pas retrouvé tout ce qui faisait le charme du précédent.
Cedric Williamson, 15 ans, s'ennuie. Il faut dire que le vie dans une petite ville provinciale de Nouvelle-Zélande, dans les années trente, quand on est un ado boutonneux, malingre et mal dans sa peau (pléonasme), plus à l'aise dans les bouquins qu’en sport, c'est pas le pied. Quand en plus on a une grand-mère adorable qui s'est faite plumer par le notable du bled, et un père cinglé qui construit une tour qui fait rire tout le monde, c'est carrément l'enfer.
Ce qui explique pourquoi Cedric, malgré ses réticences, accepte l'arrivée de Mervyn, une vingtaine d'année qui, avec son complice inquiétant Le spectre, lui propose de faire chanter ceux qui ont volé sa famille. Quand Cedric s'aperçoit qu'il n'est pas taillé pour le crime, il est peut-être trop tard …
On retrouve donc l'ambiance d'une petite ville néo-zélandaise découverte avec L'épouvantail. Comme dans ce premier titre traduit, c'est le poids des conventions, du regard des autres qui pèse sur les protagonistes. D'autant plus que, comme dans le roman précédent, ils appartiennent à une famille pour le moins originale.
On retrouve les caractéristiques du roman précédent, mais toutes un peu affaiblies : les parties oniriques et cauchemardesques (ambiance La nuit du chasseur) sont moins inquiétantes, celles plus loufoques moins drôles …
Pour ceux qui connaissent déjà L’épouvantail, ce nouvel opus est un joli roman qui montre que, dans les années trente, les villes provinciales néo-zélandaises ressemblaient étrangement à leurs consœurs nord-américaines (prohibition et hypocrisie qui va avec, poids de l’église, ennui …). Pour ceux qui voudraient découvrir cet auteur, je conseille plutôt le roman précédent.
Ronald Hugh Morrieson / Rendez-vous avec un spectre (Predicament, 1974), Rivages/Noir (2012), traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Jean-Paul Gratias.