J’avais été un peu déçu par Hiver arctique, je retrouve avec plaisir l’Erlendur que j’aime dans cette Hypothermie.
C’est l’automne à Reykjavik. Maria s’est pendue dans son chalet d’été, au bord d’un lac. Son amie Karen, qui devait venir se mettre au vert pour le week-end, a découvert son corps. Maria était une femme discrète, souvent déprimée, qui avait du mal à se remettre de la mort de sa mère survenue deux ans auparavant. Son mari est effondré, il lui semblait que depuis quelques temps elle commençait à aller mieux. Affaire classée. Sauf pour Karen qui ne croit pas au suicide. Elle contacte le commissaire Erlendur et lui confie une cassette où Maria a enregistré son entretien avec un médium. Erlendur qui n’a pas grand-chose sur le feu accepte de creuser un peu …
Finalement c’est comme ça que je préfère Indridason et Erlendur. Quand ils enquêtent sur l’intime, sur les failles imperceptibles, sur le malheur « ordinaire ». Comme dans la voix, et surtout dans mon préféré de la série, La femme en vert.
Certes ce n’est pas trépidant. Erlendur n’est pas un super flic qui tire comme le grand Clint, distribue les coups de tatane et démantèle à lui tout seul des réseaux internationaux de drogue (il ne résout pas non plus le théorème de Fermat, plouf plouf). Il ne « gagne » même pas à tous les coups. Non, il se déplace, parle, écoute beaucoup, rumine, observe …
Il se débat avec ses propres problèmes (avec ses enfants, avec la disparition toujours douloureuse de son frère). A ce sujet, je trouve ce dernier roman mieux réussi que le précédent. On en apprend un peu plus sur les obsessions d’Erlendur, ses relations avec sa fille évoluent.
Et surtout, surtout, il fait preuve d’empathie. Il vit plutôt seul mais il aime les gens. Il n’aime pas les foules, les fêtes, les rassemblements … Mais il comprend la douleur d’un vieillard aux portes de la mort qui n’a jamais su ce qu’il est advenu de son fils disparu subitement. Et son auteur nous fait pleinement ressentir tout ça.
Hypothermie est un roman en harmonie avec la saison durant laquelle il se déroule, l’automne. Un bien beau roman pastel et mélancolique.
Arnaldur Indridason / Hypothermie (Arðskafi, 2007), Métailié (2010), Traduit de l’islandais par Eric Boury.