Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 23:33

Les nouveautés c’est bien, c’est très bien même, mais le travail de réédition, quand il est fait intelligemment, c’est très bien aussi. La collection de poche des excellentes éditions Gallmeister a commencé le travail de réédition de celui qui est un peu l’oublié des grands fondateurs du polar américain, à savoir Ross Macdonald et son privé Lew Archer. Ca commence avec Cible mouvante.


McDonaldLew Archer, ancien enquêteur public devenu privé, est installé à Los Angeles. Il est contacté par la richissime femme d’un magnat du pétrole. Son mari a disparu depuis la veille. Ce n’est pas la disparition de l’époux, dont elle n’a pas grand-chose à faire qui inquiète la dame. C’est qu’il était complètement saoul la dernière fois qu’on la vu, et que quand il est bourré il devient philanthrope et a tendance à distribuer généreusement sa fortune. Et ça c’est inacceptable. De villas somptueuses en rades crades, d’escrocs astrologues à trafiquants d’être humains, Lew Archer va avoir un aperçu du monde des californiens très fortunés.


Moins connu que Dashiell Hammet et Raymond Chandler, peut-être tout bêtement parce qu’il a été moins adapté au cinéma, Ross Macdonald avec son Lew Archer n’en reste pas moins un des grands fondateurs du personnage du privé. Je les avais découverts, dans la collection « grands détectives » chez 10x18 au moment où je me lançais dans le polar. Ils faisaient déjà partie de ce qu’on pourrait appeler l’histoire ancienne. Ils avaient déjà bien vieilli. Cela n’a pas changé.


Pas de crainte à avoir donc, les aventures d’Archer tiennent toujours la route. Certes, on en a vu d’autres, des privés, mais celui-ci est un des premiers. Et cet épisode est particulièrement représentatif de la série.


Tout d’abord dans la construction du personnage, moins hard boiled que Philip Marlowe ou Sam Spade, plus « commun » d’une certaine façon. Lew Archer n’est pas un tombeur, ce n’est pas non plus un dur. Il a un flingue mais s’en sert très peu (voire pas du tout), prend plus de coups qu’il n’en donne. Ses armes, sont la parole, une grande indépendance vis-à-vis des autorités et de ses employeurs, et une ténacité à toute épreuve.


Ensuite dans sa façon de partir d’une histoire intime, familiale, pour dresser le portrait de toute une société. Ross Macdonald ne porte aucun jugement. Il décrit une famille de l’aristocratie du fric américaine, sans un mot de trop. La description parle d’elle-même. Il nous montre qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil et que l’arrogance, l’impunité et la rapacité ne sont pas nouvelles …


A découvrir et à avoir dans toute bonne bibliothèque polar, au côté de Moisson Rouge et du Grand sommeil.


Ross Macdonald / Cible mouvante (The moving target, 1949), Gallmeister/Totem (2012), traduit de l’américain par Jacques Mailhos.

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
<br /> Et oui, Lew Archer “le dernier des grands dinosaures" comme il avait, je crois me souvenir, été surnommé, n'a pas vieilli.<br /> <br /> <br /> Oliver Gallmeister le réédite donc avec une nouvelle traduction. Grâce lui soit rendue. cela fait plusieurs années que François Guérif fait ce travail salutaire (encore récemment avec<br /> Scerbanenco) et parfois les gens se demandent "mais pourquoi donc ?". Gallmeister vous donne l'explication ici. c'est parlant<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Je vais aller voir, merci pour le lien.<br /> <br /> <br /> <br />
O
<br /> hello JML<br /> <br /> <br /> encore une fois nous nous retrouvons sur ce point<br /> <br /> <br /> Cible mouvante<br /> Ross Mac Donald<br /> Gallmeister coll Totem<br /> <br /> ...L'image d’Épinal que véhicule le détective privé est celle d'un homme d'âge moyen, loup solitaire capable de se terrer<br /> pour débusquer le mari infidèle, la femme volage ou l'employé qui trafique dans le dos de son patron. Il peut aussi s'occuper de disparition. Et c'est le cas ici de Lew Archer, le personnage<br /> principal de Cible Mouvante, roman écrit après guerre par Ross Mac Donald et édité en France par Gallmeister.<br /> <br /> Ralph Sampson, un magnat du pétrole ne donne pas signe de vie à sa femme depuis un peu plus de 24 heures. Un peu court pour déclencher le plan ORSEC mais sa femme connaît l'oiseau et elle mandate<br /> le détective Lew Archer pour retrouver au plus vite son mari. Et voilà le détective embarqué dans une histoire qui le fera côtoyé une actrice de seconde zone, un prédicateur véreux, des flics qui<br /> le sont tout autant avec en toile de fond la couleur verte du dollar semblant animer les passions et les actions les plus viles.<br /> <br /> Si vous aimez les histoires linéaires d'investigation de terrain, alors vous adorerez les pérégrinations de Lew Archer dans cette Amérique d'après guerre. Ross Mac Donald la dépeint a fortiori<br /> parce que cette histoire a été écrite en 1949 mais ce récit n'a pas pris une ride grâce à son rythme et à sa qualité d'écriture. A l'instar d'un auteur bien connu comme Philip Marlowe,<br /> Gallmeister nous donne la chance de découvrir cet auteur américain à travers Cible Mouvante mais aussi Noyade en eau douce, une belle brochette de romans noirs comme on les aime.<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Ca faisait un petit moment qu'on ne t'avais pas croisé ici. Un plaisir, comme toujours.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Bonne pioche, Jean-Marc.<br /> <br /> <br /> Totem réédite les 2 premiers Archer, dans une traduction révisée, voire complétée, ai-je cru comprendre. Espérons que, le succés au rendez-vous, les autres suivront. Tu décris très bien<br /> comment le microcosme familial sert de révélateur sociétal, LA marque de fabrique de Ross MacDonald, que j'ai toujours préféré à Hammett et Chandler (j'ai le droit de ne pas me faire que des<br /> amis...)<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Salut,<br /> <br /> <br /> Ce blog est libre (dans une certaine mesure ...) et je ne pense pas que quiconque te tienne grief de préférer Macdonald à Hammet ou Chandler !<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
  • Contact