J’adore les romans d’Ayerdhal. Je l’ai déjà dit là et là. Et bien je recommence. Je me suis régalé avec Bastards.
Alexander Byrd est un écrivain new-yorkais, marqué par le 11 septembre. Après un roman acclamé par la critique, le voilà complètement bloqué. En panne, il cherche de l’aide auprès de ses pairs, et c’est Colum McCann qui attire son attention sur un étrange fait divers : Armée d’un vulgaire outil de jardinage, et d’un chat qu’elle gardait dans son cabas, une mamie octogénaire laissé trois jeunes agresseurs sur le carreau. Morts. La police ne semble pas pressée de faire la lumière sur cette affaire et quand Alexander se décide à rechercher la redoutable mamie, il se retrouve dans des filets dont il ne soupçonnait pas l’ampleur … Il lui faudra toute l’aide de ses deux amis écrivains Jérôme Charyn et Norman Spinrad pour se sortir d’un conflit qui le dépasse, et de beaucoup.
Du pur Ayerdhal, avec donc, des complots compliqués, des implications politiques, des femmes de caractères qu’il vaut mieux ne pas trop chercher, de l’action, des scènes de castagne d’anthologie, des personnages hors du commun …
Ca c’est le minimum syndical ayerdhalien, et tout y est, plutôt deux fois qu’une.
En prime cette fois, un bel hommage à une flopée d’auteur new yorkais, avec une mention spéciale à Charyn et Spinrad (on peut choisir pire comme auteurs à qui rendre hommage !). Une belle description de New-York post 11 septembre. Un mélange très réussi de thriller survolté, de SF et de … je n’en dirai pas plus pour ne rien déflorer de l’intrigue, mais j’y ai aussi vu un clin d’œil à une très grand de la BD.
Et toujours ce talent de conteur qui fait qu’une fois le livre ouvert les pages tournent toutes seules. Et toujours cette rage et cette colère intactes contre les injustices d’un monde auxquelles l’auteur, et ses personnages, ne se résignent jamais.
Donc en plus d’être excitant à lire, c’est jouissif, et ça fait du bien de ne pas se sentir seul à enrager contre quelques enfoirés qui nous prennent vraiment pour des cons. Pardon je m’emporte, mais c’est la faute d’Ayerdhal qui résiste, encore et toujours aux sirènes qui nous vendent que la loi du marché est aussi incontournable que la gravité et que tout va pour le mieux dans le meilleur des systèmes possibles.
A lire donc.
Ayerdhal / Bastards, Au Diable Vauvert (2014).