Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais la sortie de Rainbow warriors, le nouveau roman d’Ayerdhal, m’avait totalement échappée. Heureusement que je l’ai vu sur une table de ma librairie préférée. Encore un grand, très grand plaisir de lecture.
Geoff Tyler est un excellent militaire et une très grande gueule. La première qualité lui a valu 3 étoiles. La seconde sa mise à la retraite par la maison blanche. Quand l’ancien patron des nations-unies, un des rares hommes pour lequel il a du respect, vient le chercher pour encadrer une armée privée il n’en croit pas ses oreilles. Il s’agit de renverser un despote africain, ni plus ni moins ripoux, ni plus ni moins cruel que ses collègues.
Cerise sur le gâteau, pour que l’affaire ait force d’exemple, Geoff sera à la tête d’une armée de 10 000 volontaires. Tous LGBT … Lesbian, Gay Bi Trans … Contre toute attente (ou comme prévu), Geoff accepte. Mais ce n’est pas de gagner le pouvoir le plus dur, c’est ensuite de le garder, contre toutes les manœuvres des pays, intérêts, multinationales et tout ce que le monde compte de plus pourri qui a tout intérêt à faire capoter une réelle expérience émancipatrice.
Du grand Ayerdhal.
Une narration d’une efficacité redoutable, tout au long du roman. L’exposition, l’entrainement des recrues, le montage impeccable des moments de guerre (autant pour la prise de pouvoir par l’armée de Geoff que lors du coup de force des affreux). C’est simple, tout s’enchaîne avec une telle fluidité, un montage alterné tellement maîtrisé qu’il est difficile de fermer le bouquin. Sauf là où Ayerdhal vous laisse souffler.
Une multitude de personnages inoubliables, avec, comme toujours chez lui, quelques femmes d’exception qu’il vaut mieux ne pas trop chercher. Des personnages courageux, salauds, émouvants, jubilatoires, énervants, drôles … Mais surtout des personnages qu’on aurait très envie de rencontrer en vrai.
Une analyse politique sans concession, des complots et des trahisons comme il sait si bien les décrire, complexes mais rendus compréhensibles par son écriture et la clarté de ses constructions. Certes il faut un peu s’accrocher et s’impliquer, mais ce n’est pas parce que c’est l’été et qu’on est à la plage qu’on est devenu complètement ramollis du cerveau non ?
Des pages très émouvantes, sans sensiblerie, très dignes, qui vous serrent la gorge.
Et cerise sur le gâteau, une fin un peu moins tragique que souvent chez lui, pour une bien belle utopie. Bien plus « optimiste » que Parleur par exemple. Alors attention, c’est « optimiste » pour Ayerdhal, on n’est pas dans la bibliothèque rose, mais quand même, ça fait du bien.
Bref un roman passionnant, qui fait réfléchir, sourire, pleurer et qui met la pêche. Qu’est-ce que vous attendez ?
Ayerdhal / Rainbow warriors, Au Diable Vauvert (2013).