Et voilà, une année de plus qui s’achève, encore une grande année littéraire. En faisant ma petite synthèse j’ai compté une cinquantaine de polars plus que recommandables, à différents titres. Et sur ces cinquante, voici ce que je fais sortir du lot.
Commençons par le local … Une grande année française (francophone même vu que je vais y inclure un peu de belgitude).
Ca avait commencé avec Les harmoniques, dernier roman poignant et poétique de Marcus Malte. Puis on a eu Guerre sale, le dernier Dominique Sylvain, le dernier Fred Vargas, L’armée furieuse. 2011 également consécration du talent de Marin Ledun, avec Les visages écrasés qui gagne, très justement, le prix 813.
Heureusement on a pu rigoler un peu avec Les vacances d’un serial killer de la belge allumée Nadine Monfils.
Deux polars voyageurs, Arabian thriller de Barouk Salamé, suite réussie du remarqué Testament Syriaque et Serge Quadruppani auteur qui reprend les personnages de Saturne dans le réjouissant La disparition des ouvrières.
Pour le reste, ce fut plutôt sombre : Le roman très attendu de DOA et Dominique Manotti, une Honorable société qui voit deux auteurs aux univers assez proches réussir superbement à écrire à quatre mains et trois romans très politiques et pas vraiment joyeux, Préparer l’enfer de Thierry di Rollo et Le bloc de Jérôme Leroy qui nous promettent un avenir frontiste, et Olivier Bordaçarre qui décrit une France raciste et moisie dans La France tranquille. Pour finir le petit dernier, l’étonnant et éprouvant polar de Karim Madani, Le jour du fléau.
A l’étranger, chez les hispanophones on a retrouvé avec plaisir le privé du chilien Ramon Diaz Eterovic dans L'obscure mémoire des armes, et on a eu le maintenant traditionnel Carlos Salem, avec cette année l’excellent Je reste le roi d’Espagne. Pour les espagnols, à noter un nouvel objet littéraire non identifié, venant de la galaxie José Carlos Somoza, L’appât et pour les amateurs de polars historiques, La chambre des merveilles de l’espagnol Alfonso Mateo Sagasta.
Grosse année italienne, où là aussi on a quelques pointures. Pas moins de trois romans signés Andrea Camilleri dont Le Montalbano de rigueur qui cette année s’appelle La piste de sable, et le tout récent Meurtre aux poissons rouges, écrit avec Carlo Lucarelli. Deux romans signés Giancarlo de Cataldo mon préféré étant Le père et l’étranger. Toujours chez les confirmés, l’avocat de Bari créé par Gianrico Carofiglio revient dans Le silence pour preuve. Puis deux très belles découvertes, L’hiver du commissaire Ricciardi, magnifique polar historique napolitain de Maurizio de Giovanni, et le très beau D’acier de Silvia Avallone.
Une fois de plus les irlandais font fort puisqu’on retrouve cette année les auteurs confirmés comme John Connolly et Charlie Parker avec Les murmures, un R&B toujours aussi drôle de Ken Bruen, c’est Calibre, et l’arrivée d’un nouvel auteur très prometteur, Stuart Neville qui démarre une série avec Les fantômes de Belfast.
Belle année grand-bretonne également avec le très bon second roman de Cathy Unsworth, Le chanteur. Très bon second roman également pour Nick Stone qui reste dans la communauté haïtienne avec Voodoo Land. La confirmation du talent de John Burdett, qui revient avec Le parrain de Katmandou et une très belle découverte écossaise, l’étrange Scintillation de John Burnside. Et pour finir les inoxydables, le dernier John Le Carré, Un traitre à notre goût et le dernier John Harvey, Le deuil et l’oubli.
Chez les scandinaves les valeurs sures ont confirmé, avec deux romans d’Arnaldur Indridason, un de la série Erlendur (mais sans lui), La rivière noire et une brillante variation sur le thème du facteur sonne toujours deux fois, Betty. Le retour de Jo Nesbo et de Harry Hole dans un thriller époustouflant, Le léopard. Et un excellent Gunnar Staalesen, L’écriture sur le mur.
Et pour finir, on entend régulièrement que le polar américain est mort … Pouf pouf, je rigole !! Magnifique année US encore une fois avec quelques masterpieces : Un bon Tim Dorsey, Cadillac Beach parce qu’il faut bien rigoler de temps en temps. Un roman inclassable d’un auteur inclassable, Eric Miles Williamson qui revient avec Bienvenue à Oakland. Le retour très attendu (même si ce n’est pas le meilleur de la série) de Patrick et Angela dans Moonlight Mile de Dennis Lehane. Le maintenant traditionnel Walt Longmire du printemps avec L’indien blanc de Craig Johnson et un George Pelecanos dans la moyenne (donc un très bon polar), Mauvais fils.
Et cinq romans absolument indispensables, chacun dans son genre : La nuit la plus longue du vétéran James Lee Burke ; Les leçons du mal de Thomas Cook ; Savages de Don Winslow ; Tijuana straits de Kem Nunn et Serena de Ron Rash.
Ajoutez à cela, et hors polar L’homme qui aimait les chiens, le roman historique de Leonardo Padura, que j’ai eu, en plus, le plaisir et l’honneur de rencontrer et de présenter à Toulouse. Quelques excellents westerns réédités cette année : Lonesome Dove de Larry Mcmurtry, Incident à Twenty Miles de Trevanian. Un superbe roman d’aventures signé Valerio Evangelisti : Tortuga.
Côté SF et fantazy, j’ai assez peu lu, mais je retiendrai la conclusion de la trilogie des Lames du cardinal de Pierre Pével, quelques nouvelles du grand styliste qu’est Jean-Claude Dunyach, Les harmoniques célestes, un bon Space opera, comme on les aime avec Les enfants de la conquête de Celia Friedman.
BD, j’ai été encore plus fainéant … Inoubliable quand même, le second tome de Blast de Manu Larcenet.
Bref 2011 fut une très bonne année. On se revoit l’année prochaine que l’on espère aussi bonne. En attendant bonne toute fin d’année à tous.