En remontant le temps sur le blog je me suis aperçu avec horreur que je n’avais jamais parlé de BlackSad des deux espagnols Canales et Guarnido ! Pourtant qu’est-ce que j’aime cette série, une des rares que je guette impatiemment. Et enfin le tome 5 est sorti, toujours aussi beau, il s’appelle Amarillo.
Y-a-t-il ici des gens qui ne connaissent pas BlackSad ? Cela me paraît improbable. Au cas où, sachez que le matou (car c’est un matou) est un privé à la Bogart, dans le plus pur style des hardboiled de la grande époque. Il évolue dans un monde animalier et dans les US de l’époque du McCarthysme, du racisme affiché, en bref, dans les années 50 américaines.
Comme toujours, encore plus que d’habitude même, ce n’est pas vraiment l’intrigue qui est le point fort de cet épisode. L’histoire est un poil légère et essentiellement prétexte à un road comic dans le sud des US.
Non, une fois de plus les trois points forts de cet épisode sont :
Le rendu d’une époque et d’un lieu, cette fois les années cinquante dans le sud des US, dans un monde d’artistes plus ou moins ratés et frustrés, et parmi des saltimbanques qui peinent à survivre.
Les personnages, absolument extraordinaire, avec bien entendu notre matou préféré et son acolyte, la fouine journaliste, ici moins présente que dans les épisodes précédents. C’est fou comme ils ont réussi en quelques coups de crayons (ô combien talentueux) à saisir l’essence même du privé tel que l’aiment les amateurs de romans et de films noirs. Et sous les traits d’un chat.
Mais aussi avec comme chaque fois d’extraordinaires galeries de personnages secondaires, des femmes fatales et souvent félines, ou cet agent/avocat véreux criant de vérité sous les traits d’une hyène.
Et puis bien entendu le dessin somptueux, une fois de plus au rendez-vous. On ne se lasse pas de feuilleter l’album, et on revient immanquablement aux précédents.
Bref, une nouvelle réussite pour le BlackSad 5, il ne nous reste plus qu’à prendre notre mal en patience en attente du 6 !
Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido / Blacksad / Amarillo, Dargaud (2013), traduit de l’espagnol par Anne-Marie Ruiz.