Je n’avais encore jamais lu de romans d’Alain Wagneur. Je ne regrette pas d’avoir commencé avec ce Djobila, fleuve de sang.
Le commandant Zamanski, ancien grand flic parisien est maintenant au placard, en province, à Blainville. A s’occuper des poivrots, des maris qui battent leur femme et des cambriolages de résidences secondaires. Jusqu’à ce qu’il tombe sur le cadavre d’un de ses anciens profs, grand spécialiste de l’Afrique aujourd’hui à la retraite. Tout semble indiquer un suicide, sinon la disparition de l’ordinateur portable de la victime. Par ennui, pour voir, Zamanski décide d’enquêter, sans se douter qu’il met les pieds dans une fourmilière et qu’il devra aller jusqu’à Bamako pour démêler les fils d’une affaire sordide.
Du solide, du costaud. Personnages intéressants, écriture efficace, belle description de Blainville et de Bamako, intrigue parfaitement déroulée, peinture sans concession mais non sans finesse de ces associations qui, sous couvert d’humanitaire, sont capables des pires saloperies, parfois le plus cyniquement du monde, parfois par simple bêtise … Des faits divers récents présents dans toutes les mémoires (vous les reconnaîtrez) sont repris par l’auteur et parfaitement intégrés à l’intrigue.
Bref une histoire bien menée doublée d’une critique sociale étayée. Avec en cadeau surprise la présence d’Habib Kéita, le personnage de Moussa Konaté qui, pour l’occasion, prête main forte à Zamanski lors de son passage à Bamako. Tout ce qu’on peut demander à un polar.
Je n’ai donc rien à reprocher à ce roman, que j’ai lu avec plaisir et intérêt. Néanmoins, il lui manque juste le zeste de … (le zeste de quoi d’ailleurs ?) qui aurait pu faire de ce bon livre un grand livre. Le zeste qui prend au tripe comme les romans de Patrick Bard, le zeste qui fait qu’on s’attache viscéralement à Jack Taylor … Un grain de folie, une pincée de démesure ?
Quoi qu’il en soit, un auteur à découvrir en attendant, peut-être, son grand roman.
Pour en savoir plus, une interview de l’auteur sur bibliosurf.
Alain Wagneur / Djobila, fleuve de sang, Actes Sud / Actes noirs (2010).