J’avais beaucoup aimé le premier roman de Cathi Unsworth, Au risque de se perdre, aimé encore davantage Le chanteur, son roman suivant. Je me suis donc précipité sur Bad penny blues, le dernier en date. Et là, déception. Pourquoi ?
Nous sommes à la fin des années 50, la toute fin, 1959 plus exactement. Stella et Toby sont deux jeunes créateurs. Ils sont beaux, talentueux, amoureux, les années 60 s’annoncent magnifiques pour eux. Et elles sont magnifiques, du moins au début. Malgré les cauchemars de Stella qui rêve de meurtres de femmes. Cauchemars d’autant plus troublants que des prostituées ressemblant aux femmes de ses rêves sont effectivement tuées.
Malgré les efforts de Pete Bradley, jeune flic honnête et ambitieux qui enquête sur ces crimes, aucune piste ne se dessine. Avec les années, les visions de Stella vont se préciser et Pete va s’apercevoir que quelqu’un, très haut, met des bâtons dans les roues des enquêteurs …
On retrouve certaines qualités des précédents ouvrages. Et en particulier la richesse de la reconstruction d’une époque. Ici cette période charnière du début des années soixante où toute une génération explose, et fait exploser les carcans archi rigides et traditionalistes, où tout bouge dans la politique, les arts, le design … Sans pour autant réussir à remettre sérieusement en cause le pouvoir d’une caste intouchable.
Aristocratie pourrie jusqu’à la moelle, police corrompue et à la botte du pouvoir, face à une jeunesse à l’écoute de la musique qui vient des US, une jeunesse qui se passionne pour de nouveaux groupes qui s’appellent les Beattles et les Rolling Stones (même si contrairement aux premiers romans c’est ici la mode et la peinture qui sont sur le devant de la scène, plus que la musique).
Alors pourquoi suis-je déçu ? Pour deux raisons. Tout d’abord alors que les deux premiers romans faisaient très fort dans la construction et l’emballement final je trouve qu’ici le dénouement est tiré par les cheveux, avec des personnages qui sortent du chapeau (même si on se doute depuis un moment de l’identité du Grand Méchant Loup qui est derrière tout ça).
Et puis, j’ai un problème avec l’écriture. Je ne saurais pas mettre le doigt dessus mais je la trouve plate. Les dialogues, pour une raison subtile, ne me convainquent pas ; je trouve qu’ils sonnent factices, fabriqués … Alors c’est moi ? La traduction ? L’auteur qui est moins à l’aise dans cette époque ? Je ne saurais le dire. Je sèche.
Fait révélateur, j’ai traîné à terminer le roman, chose qui ne m’arrive que rarement. En général soit je balance le bouquin au bout de 20 pages, soit je fonce. Là je voulais en savoir plus, lire ce que l’auteur avait à raconter sur cette époque, mais en même temps je n’arrivais pas à m’enthousiasmer.
J’attends vos avis avec impatience.
Cathi Unsworth / Bad penny blues (Bad penny blues, 2009), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’anglais par Karine Lalechère.