Je continue à me prendre les pied dans les premiers romans (du moins les premiers romans traduits en France). Et encore une fois, avec un roman que j’ai ouvert bien décidé à l’aimer. Ne serait-ce que parce qu’en général j’aime beaucoup tous les romans publiés en suite italienne chez Métailié. Mais Les âmes noires de Giaocchino Criaco ne m’a pas entièrement convaincu.
Ils sont trois bergers calabrais. Même s’ils aiment profondément leurs montagnes et la vie qu’ils y mènent l’été, ils décident de ne pas vivre comme leurs pères. Peu d’opportunités dans cette région. Devenir un piqué (affilié à la `Ndrangheta, la mafia calabraise), ou, envers et contre toute forme d’autorité (de l’état ou de la pègre), se mettre à son compte. C’est ce qu’ils décident de faire. Avec succès. Et dans le sang. Jusqu’à tenir le haut du pavé à Milan où ils ont la main sur le trafic de drogue. Jusqu’à l’inévitable chute.
Dommage. Comme cela arrive parfois j’ai l’impression d’être passé près d’un très grand roman. Parce qu’il y a une écriture. Les descriptions de la vie dans la montagne calabraise sont magnifiques. Apres et lyriques, rendant compte de la beauté et de la rudesse de ce pays et de ses habitants.
Le récit des affaires milanaises, de l’enchaînement des succès, des vengeances, de la chute, fait dans un style beaucoup plus sec et neutre est aussi très réussi.
C’est la structure générale qui me gène. Le manque de liant entre les différents passages très réussis, les ellipses qui font qu’on se perd, qu’on ne sait plus trop qui a fait quoi et surtout pourquoi.
J’ai refermé le roman avec l’impression que l’auteur suppose chez le lecteur une connaissance de la réalité locale qu’il n’a pas, et le perd donc en ne lui fournissant pas quelques éléments de compréhension. Du coup, malgré les fulgurances du texte on décroche, et on ne s’intéresse pas autant qu’on le pourrait à cette histoire et à ses protagonistes.
Dommage.
Giaocchino Criaco / Les âmes noires (Anime nere, 2008), Métailié (2011), traduit de l’italien par Leila Pailhès.