Voici donc le second Giancarlo De Cataldo de ce début d’année, écrit à quatre mains avec Mimmo Rafele. Autant le premier était d’une tonalité nouvelle, autant avec La forme de la peur on retrouve la forme et les thématiques de ses deux premiers romans.
Marco Ferri, ex hooligan romain est rentré dans l'équipe anti-terroriste de Mastino après l'assassinat de son mentor Dantini. Dantini n'aimait pas les manière brutales de Mastino et le soupçonnait d'être corrompu. Mais Dantini est mort, selon toute apparence abattu par un jeune anarchiste. Seul son ami Lupo, des Affaires Internes sait qu'il enquêtait sur le groupe de Mastino et ses appuis très haut placés. Entre Lupo et le Commandant la lutte est engagée, une lutte dans laquelle Mastino et Marco ne sont que des petits soldats, facilement sacrifiables.
Pour une fois je ne serai pas totalement d’accord avec l’ami Jeanjean. Je n’ai pas trouvé que l’écriture souffrait de maladresses, ni même que l’intrigue soit trop schématique. Certes, comme il le dit, les affreux sont vraiment affreux, mais quand on pense à la clique au pouvoir en Italie, et aux rigolos de la Ligue du Nord ou aux comiques qui veulent interdire des livres dans les bibliothèques, on se dit que la réalité dépasse peut-être la fiction … Et les « gentils », de leur côté, ne sont pas exempts de contradictions … Enfin, une affaire d’appréciation.
En outre, c’est avec plaisir que j’ai retrouvé son écriture sèche et efficace, les liens entre crime, affaires et politique, une intrigue complexe mais parfaitement maîtrisée. A se demander quel est l’apport du second auteur (qu’il est vrai je ne connais absolument pas) dans ce roman.
Après les années de plombs et la montée en puissance de Berlusconi, c'est aux mécanismes de la peur et des limitations des libertés que s'en prend cette fois De Cataldo. Des mécanismes qui sont loin d’être spécifiquement italiens.
Et ce, toujours avec la même efficacité et la même pertinence.
Giancarlo De Cataldo et Mimmo Rafele / La forme de la peur (La forma della paura, 2009), Métailié (2011), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.