Son premier roman Surhumain avait fait du bruit sur les blogs. Je l’avais raté. Je découvre donc Thierry Brun avec son ouvrage suivant La ligne de tir, un thriller plein d’adrénaline.
A Nancy le commissaire Fratier est aux abois. Ripoux parmi les ripoux il est sur le point d’être mis en examen. Shadi Atassi, le Syrien, nouveau caïd de la ville, s’est associé avec un autre flic et lui a fait perdre ses sources de revenu. Et Loriane Ornec, ex flic infiltrée passée du côté des truands pourrait être entendue par la justice et le charger salement. Alors il lance ses chiens pour descendre les témoins gênants.
Malheureusement la jeune femme a disparu. Et sur le ripoux et le nouveau caïd plane l’ombre de son dernier amant connu, Patrick Jade, un mercenaire, tueur sans pitié qui avait décimé le gang des précédents maîtres de la ville. Une course poursuite s’engage qui ne pourra se terminer que dans le sang.
« Roman de la nuit et de la corruption, la ligne de tir, mécanique implacable, nous entraîne imperceptiblement d’un univers à un autre, du roman noir au thriller … » peut-on lire à la quatrième de couverture.
Voilà qui va me permettre de souligner les qualités et les limites de ce polar.
« Roman de la nuit » pourquoi pas, « mécanique implacable » certainement, « thriller » aussi. « Roman de la corruption », « roman noir » certainement pas. Pourquoi ?
Parce qu’il ne suffit pas de mettre en scène des flics ripoux pour écrire un roman de la corruption. Et qu’un roman est un roman noir s’il a un contenu social ou historique, s’il témoigne d’une réalité sociale et/ou historique. Or il ne suffit pas de mettre en scène des ripoux et des tueurs, de ne peupler son roman que de personnages à la moralité douteuse pour écrire un roman noir ou un roman sur la corruption.
La ligne de tir, à mon humble avis, n’est absolument pas ancré dans une réalité sociale. On n’apprend rien sur Nancy, rien sur les réseaux d’influence en Afrique où ont traîné certains personnages (contrairement par exemple aux fantômes du Delta), rien non plus sur les mécanismes de la corruption ou sur son effet sur la vie des gens « normaux », comme dans Le jour du fléau ou Défunts disparus …sans parler de La griffe du chien …
Ce n’est ni un reproche,ni un jugement de valeur, seulement une constatation. Ca n’en fait pas un roman pire ou meilleur, c’est juste que j’aime bien ne pas être trompé sur la nature de la « marchandise ».
La ligne de tir me fait davantage penser aux BD de Frank Miller, de la série Sin city : Des personnages complètement pourris, une violence très schématisée, un trait, ou plutôt un style, tout en noir et blanc (sans gris donc), et une efficacité redoutable. Je suppose que c’est l’effet recherché, et ça marche. On lit d’une traite, les scènes d’action en particulier sont très réussies. Et on se fiche un peu de savoir qui va rester sur le carreau.
Donc si vous cherchez un bon thriller nerveux, sans temps mort, sans délayage pour atteindre les fatidiques 500 pages et avec de la castagne et une belle progression vers l’apocalypse finale, ce roman est pour vous. Si vous n’aimez pas le genre, passez votre chemin.
Thierry Brun / La ligne de tir, Le passage/Polar (2012).