Je parlais il y a peu de ces personnages récurrents que l’on a plaisir à retrouver régulièrement. Dave Robicheaux en fait indéniablement partie. C’est pourquoi tout nouveau roman de l’immense James Lee Burke est attendu avec impatience. Le dernier s’appelle L’arc-en-ciel de verre.
Dave et son ami Clete Purcell sont de retour du Montana . A New Iberia la vie reprend son cours. Un cours agité. Dave enquête sur des meurtres de jeunes femmes. Des femmes souvent paumées, se prostituant parfois pour payer leurs doses, des femmes toujours pauvres. Des mortes qui n’intéressent guère les autorités. Clete décide de l’aider, et ils commencent à tourner autour de Herman Stanga, maquereau, dealer, pourris jusqu’à la moelle. Le problème est que Clete ne contrôle pas toujours, et c’est peu de la dire, et il abime sérieusement Stanga qui porte plainte. Les choses se corsent quand le dealer est retrouvé assassiné chez lui. Côté familial, Dave a du mal avec sa fille Alafair qui est tombé amoureuse du fils d’une des grandes familles de Louisiane. Une famille qui a bâti sa fortune sur le sang et les larmes des esclaves, puis des ouvriers pauvres. Le genre de famille contre laquelle Dave est en guerre depuis toujours.
Quand on lit un nouveau James Lee Burke, on se dit de temps en temps qu’on devrait s’embêter. Toujours les descriptions de la nature, toujours les emportements de Clete et de Dave, toujours les doutes de Robicheaux, son envie d’alcool, sa guerre incessante contre les grandes familles corrompues … Et bien entendu, on ne s’ennuie jamais. Au contraire on en redemande.
Parce que les descriptions du bayou sont toujours aussi belles. Parce que l’indignation, la rage de Robicheaux, que l’on sent très proche de son créateur, sont contagieuses. Parce que le personnage évolue d’un roman à l’autre et que l’auteur est maître en l’art de rendre perceptibles ces changements. Parce qu’il n’a pas son pareil pour nous faire sentir l’odeur de la pluie, entendre le bruit des sauts de poissons. Parce que c’est un conteur hors pair.
En bref, parce que James Lee Burke est un immense écrivain, doublé d’un humaniste qui n’abandonne jamais, qui ne renie jamais ses idées, ses origines. Vivement le prochain.
James Lee Burke / L’arc en ciel de verre (The glass rainbow, 2010), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’américain par Christophe Mercier.