Janvier c’est le mois du froid, des intempéries, des journées courtes, des kilos en trop pour cause de gueuletons à répétitions des fêtes … Mais heureusement, janvier c’est aussi le mois du Montalbano nouveau, ce qui contribue amplement à compenser cette sinistre ambiance. La cuvée 2013 s’appelle L’âge du doute, et c’est bien évidemment sous la plume toujours alerte du maestro Andrea Camilleri.
Prenez donc Montalbano qui vieillit (et oui, à 56 ans il vieillit), ajoutez Caterella toujours catastrophique, Mimi toujours séducteur, Fazio qui tente d’arranger les choses, une questure avec laquelle Montalbano a du mal et quelques coups de fil désastreux avec Livia, sa copine génoise. Ca ce sont les ingrédients de base. Pour le 2013 le point de départ est la découverte d’un cadavre défiguré sur un canot, une jeune femme qui n’est peut-être pas aussi désemparée qu’elle n’en a l’air, deux yachts de luxe, et une lieutenante de la Capitainerie fort gironde. Assaisonnez avec beaucoup d’humour, quelques bons plats et de nombreux coups de gueule. Servez chaud ou froid, mais pas tiède.
Il y a des auteurs et des séries qui me font perdre tout sens critique. Les aventures de Salvo Montalbano font parties de celles-là. Je suis incapable de dire si c’est meilleur, moins, bon, s’il y a des facilités, si … J’adore, je bade. Plusieurs fois le week-end dernier mes gamins m’ont regardés interloqués : « Mais pourquoi tu ris ? Ah c’est encore ton livre. »
Ben oui, c’était encore mon livre. On rit du comique de répétition (avec Livia, avec Caterella, avec la questure, avec lui-même …), on rit des nouvelles inventions de Montalbano, on rit de ce qu’on sent venir, bref on rit. Et en plus, mine de rien, ça dit beaucoup de choses sur la peur de vieillir, sur la saloperie du monde, sur les relations entre les gens … Et tout ça, en faisant rire.
Vivement janvier 2014 pour le prochain.
Andrea Camilleri / L’âge du doute(L’étà del dubbio, 2008), Fleuve Noir (2013), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.