Ils font des choses bien chez In8. Après la collection polaroïd où je viens de lire le texte de Marin Ledun, voici la collection « Quelqu’un m’a dit … ». Le principe, reprendre une phrase qui est passée à la postérité, de préférence criée par le peuple. Puis demander à un écrivain d’illustrer à sa façon, format court. Dégage ! Ont crié les tunisiens à Ben Ali. C’est ici Marc Villard qui reprend le slogan à son compte.
Ca a fini par arriver, Marine Le Pen est présidente. Sale temps pour les étrangers, les syndicalistes, les gauchistes … et les poètes. Pour survivre, Théo vingt ans accepte d’écrire un poème pour le ministère de la culture. Mais difficile de plaire, quand tant de sujets sont interdits. Car vous savez ce que c’est, ce n’est pas la Présidente, mais « dans l’entourage de la Présidente Le Pen je dois admettre que cet amalgame pose problème. Attention, je ne parle pas de la présidente elle-même qui est très ouverte aux idées nouvelles mais il s’agit plutôt de son euh … »
Voilà, vous avez le ton. A force de se lancer des défis avec son compère Jean-Bernard Pouy, voici donc que Marc Villard se lance dans le domaine de son ami, et écrit une novella de social fiction, politique, sans flic pourri, sans jazz, sans drogue … Mais avec le style Marc Villard, sa maestria dans le maniement de mots, et son humour.
Et il faut en avoir pour imaginer François Bayrou en résistant du fond de son Béarn ! C’est drôle, méchant comme il faut, sans pitié pour la médiocrité et les compromissions des uns et des autres … Bref, on se fait bien plaisir avec cette longue nouvelle.
Marc Villard / Dégage !, In8 (2013).