Je l’avais un peu laissé de côté l’an dernier, mais j’ai profité des vacances pour essayer cet islandais dont c’est le second roman traduit chez Métailié. J’avoue que Excursion de Steinar Bragi m’a laissé perplexe.
Ils sont quatre, deux couples. Ils ont décidé en cette fin d’été d’aller faire une virée en 4x4 en pleine nature pour s’amuser et échapper le temps d’une balade au rythme de la capitale et des affaires. Sauf que la nature islandaise n’est pas toujours hospitalière, que n’importe qui ne s’improvise pas explorateur et que l’isolement ne fait pas toujours ressortir le meilleur de l’homme. Un accident les oblige à trouver refuge dans une maison complètement isolée habitée par deux vieux étranges. Et c’est là que tout commence à se gâter.
Je suis donc resté perplexe.
Ça démarre très bien. L’accident, la réclusion en pleine cambrouse, la nature intimidante, les deux vieux bizarres. L’immensité et l’étrangeté, ainsi que la menace sous-jacente du « désert » du centre de l’Islande sont très bien rendues. Le malaise s’installe petit à petit, les failles apparaissent et la bonne humeur de façade se craquèle. Les conventions sociales lâchent, les rancœurs et saloperies ressortent peu à peu. Les deux hôtes forcés deviennent petit à petit aussi inquiétants que le décor. Et l’incapacité chronique à quitter cet enfer est fort bien racontée et mise en scène.
Si cela en restait là, j’aurais beaucoup aimé le portrait caustique que ce huis clos en plein air dresse de la société islandaise moderne. Mais peu à peu l’auteur ajoute des mystères, des éléments de fantastique, et sauf erreur de ma part (ou alors je suis complètement passé à côté), ne résout rien. Un mystère pèse sur l’identité des hôtes, qui reste ouvert, les personnages disparaissent peu à peu victime de ? On ne sait pas. Des forces fantastiques semblent à l’œuvre, lesquelles ? Mystère. Je serai bien incapable de dire exactement comment ça se termine.
Alors je ne suis pas contre quelques questions qui restent ouvertes, ni contre quelques mystères laissés à l’interprétation du lecteur, mais là, franchement, il y en a trop pour moi et cela me laisse l’impression que l’auteur ne savait plus comment se sortir d’affaire.
Perplexe je suis donc resté. Et vous ?
Steinar Bragi / Excursion (Hálendid, 2011), Métailié (2013), traduit de l’islandais par Patrick Guelpa.