Pour beaucoup Edward Bunker est, à juste titre, l’Ecrivain du milieu carcéral américain. Aucune bête aussi féroce, La bête contre les murs et La bête au ventre sont des romans qui ont marqué plus d’un lecteur de polar. Incarcéré à de multiples reprises, il fut sauvé par l’écriture et finit même sa vie dans le monde du cinéma, conseiller sur certains films, acteur remarqué dans Reservoir Dogs … L’homme est décédé en 2005, mais il semblerait qu’il restaient encore quelques écrits non publiés dont Evasion du couloir de la mort.
Six nouvelles ayant toutes pour théâtre la prison. Six récits d’enfermement, de racisme, de rapports de force et de mort. Et pour la première fois dans l’œuvre de Bunker un récit historique mettant en scène la ségrégation dans les années trente.
Six nouvelles au ton toujours sec, juste, six nouvelles qui ne font pas de cadeau et sonnent horriblement juste. En cause un système carcéral et judiciaire qui perdure de décennie en décennie, machine à créer des récidivistes et à amplifier l’injustice sociale. Bunker ne juge pas, n’excuse personne, mais se contente de décrire un système qui ne fonctionne pas, et n’a jamais fonctionné.
« Il sortirait de taule plus malin et plus sage. Ils ne le choperaient pas une deuxième fois. Et même, si ça arrivait … tant pis !
La poussée d’adrénaline qui accompagnait un cambriolage réussi était meilleure que le sexe. Meilleure que la drogue. Meilleure que tout ce qu’il avait pu expérimenter jusque-là.
Ne commets pas de crime, si tu n’es pas prêt à purger ta peine, lui avait-on dit. Max était prêt à faire les deux. »
La prison, machine à créer des truands plus malins, plus durs, plus déterminés. Tout est dit. Par quelqu’un qui sait de quoi il cause. Il ne propose aucune solution, il se « contente » de montrer que celle-là ne marche pas.
Edward Bunker / Evasion du couloir de la mort (Death row breakout, 2010), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’américain par Freddy Michalski.