Donald Westlake est mort depuis déjà quelques années, et pourtant quelques pépites nous arrivent encore, comme ce Finie la comédie découvert aux US en 2012.
Koo Davis est un comique de droite. Pendant le Vietnam, il a fait des tournées parmi les soldats comme faire-valoir des blondes de services qui allaient exhiber leurs formes généreuses. Et il a fait des blagues, de droite. Et c’est tout. Depuis il est revenu à son credo d’avant le Vietnam : surtout pas de blagues politiques. Maintenant il a la soixantaine et a son show télévisé. Jusqu’au jour où il est enlevé par une bande de bras cassés, nostalgiques des années passées et qui veulent relancer le mouvement révolutionnaire mort depuis quelques années.
Malheureusement pour Koo, il vaut mieux être enlevé par des pros qui savent ce qu’ils veulent (du fric) que par des charlots qui ne veulent pas voir que le monde a changé. Si en plus les responsables du FBI qui s’occupent de son cas ne sont pas des lumières, on sent bien que les jours à venir du pauvre Koo ne sont pas roses.
C’est vraiment intéressant de retrouver ces « vieux » romans de Donald Westlake. On y trouve un humour qui s’est affiné par la suite, mais il est souvent plus grinçant que dans les romans suivants en général, et que la série des John Dortmunder en particulier.
Ici l’humour vient bien entendu de ce pauvre Davis Koo qui ne peut jamais retenir une réplique, même dans les situations les plus dramatiques. Il vient aussi (mais teinté de noir) de l’amateurisme et de la bêtise des ravisseurs.
Et pourtant, stupides, bras cassés, dangereux et potentiellement sans pitié … le grand Westlake arrive, à un moment ou un autre, à tous nous les rendre proches, à nous faire sentir leurs souffrances, leurs illusions parfois (souvent) généreuses, leurs rêves, avant de nous faire replonger dans les catastrophes que déclenchent leur stupidité et leur folie (car ils sont tous assez atteints, de façon parfois émouvante, parfois ridicule, souvent les deux).
Et que dire de ce pauvre Koo, qu’on finit par trouver sympathique alors que lui non plus n’est pas un modèle pour l’humanité. Mais son entêtement à faire son boulot (faire rire) dans toute circonstance est touchant et même parfois admirable.
Alors oui, sans doute pas le meilleur Westlake, mais un très bon roman, drôle, grinçant, très humain qui fait revivre une époque qui semble bien lointaine.
Donald Westlake / Finie la comédie (The comedy is finished, 2012), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’américain par Nicolas et Pierre Bondil.