Pour les amateurs de thrillers français, Bernard Minier est visiblement le nom de l’auteur qui monte, qui monte. Son premier roman, Glacé avait fait parler de lui, et je n’avais lu que du bien du suivant Le cercle. Malgré mon peu de goût pour les thrillers, j’ai décidé de ne pas être sectaire et d’essayer.
Marsac, la Cambridge du sud-ouest, pas loin de Toulouse. Cette petite ville tranquille est un des centres universitaires les plus recherchés de France, surtout pour son lycée et ses prépa littéraires prestigieuses. Quand une prof de français est retrouvée, assassinée chez elle dans des conditions particulièrement spectaculaires et cruelles, cela fait désordre. Le commandant Martin Servaz, de Toulouse, est appelé au secours par Marianne son ancien amour de jeunesse : Hugo, son fils, élève en prépa lettres, a été arrêté. Il était sur les lieux du crime à l’arrivée des gendarmes, prostré, visiblement sous l’emprise de drogues. Marianne est certaine de l’innocence de son fils que tout accuse et demande à Martin de tout faire pour le sauver de la prison. C’est alors que refait surface l’ombre d’un tueur en série que Servaz a déjà affronté et qui s’est évadé depuis deux ans … Le passé récent, et un passé plus ancien vont alors s’inviter dans une enquête à hauts risques.
Ben je crains de persister dans mon manque d’appétence pour le thriller …
Je n’ai rien à reprocher à celui-ci, et je veux bien croire qu’il fasse partie du haut de gamme du genre. L’intrigue est soignée, on tourne les pages, on veut savoir la suite, il y a du suspense. Contrat rempli donc.
Mais il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à me passionner pour la vie (ou la mort) des personnages. Donc je ne tremble pas. Et s’il n’y a pas de « thrill » il n’y a plus de thriller. Comme le suspense marche on va au bout pour savoir le fin mot de l’histoire (même si j’avais deviné avant la fin, et en particulier avant les flics), avec curiosité mais sans passion ni crainte. Et du coup, le roman refermé, plus rien.
Qu’est-ce qui fait que je me passionne pour la vie de Jack Taylor, de Charles Resnick, de Charlie Parker de Giorgia Cantini ou de Mario Conde, et que je me fous de celle de Martin Servaz ? A cette question je suis bien incapable de répondre. C’est le mystère de l’étrange résonnance entre un auteur, ses personnages, et un lecteur.
Toujours est-il que, ce que les éditeurs français classent sous le terme de thriller m’est parfois agréable sans plus (comme ici), souvent absolument insupportable (fouillez dans les archives vous trouverez un ou deux exemples).
Bernard Minier / Le cercle XO Editions (2012).