J’ai découvert Etienne Davodeau grâce à des copains avec son album Les ignorants. Et j’ai beaucoup aimé. C’est pourquoi j’avais demandé au Père Noël sa dernière BD, Le chien qui louche. Et je l’ai eue.
Fabien est gardien au Louvre. Toute la journée il arpente les salles, surveille, renseigne les touristes … Le soir il retrouve Mathilde. Et ce week-end, il va faire connaissance de sa famille. Les Benions, qui sont dans le meuble. Et qui vont demander à l’expert parisien ce que vaut la croute peinte par un lointain aïeul. Fabien est gentil, il ne veut pas vexer. Et c’est comme ça que les Benions se persuadent que la croute est digne de rentrer au Louvre, et que c’est Fabien qui va se charger des démarches …
Les ignorants est fin, intelligent, humaniste et instructif. Le chien qui louche est fin, intelligent, humaniste et drôle. Et aussi un peu instructif puisqu’il nous convie à une belle promenade dans le Louvre.
Etienne Davodeau arrive à décrire et dessiner la famille Benion avec une lucidité teintée de tendresse. C’est qu’ils sont un peu cons les Benion (comme le dit leur sœur d’ailleurs). Ils sont lourdingues, uniquement intéressés par leurs meubles, par leur réussite de province. Elle est complètement ridicule leur ambition de faire entrer une croute abominable au Louvre. Et pourtant … Et pourtant ils sont capables d’être généreux, et d’être touchés par l’art, une fois qu’ils ont passé le rejet apeuré de celui qui pense que ce n’est pas pour lui. Et combien de gens n’entreront jamais au Louvre (ou dans une librairie, ou dans une salle de concert ou …) juste parce que toute la société leur crie que ce n’est pas pour eux ? A quel point sommes-nous tous des Benions ?
C’est en ça que cette BD est fine, intelligente, humaniste et drôle. Un vrai régal de scénario et d’étude de caractère servi par un dessin et une mise en case qui montrent en deux planches ce qu’il faudrait décrire en cinquante pages.
Etienne Davodeau / Le chien qui louche, Futuropolis (2013).