Il y a quelques temps j’avais découvert Fiona Griffiths, flic à Cardiff créée par Harry Bingham. J’avais bien aimé et espéré lire une suite. Jusqu’à ce la mort les réunisse est cette suite. Elle confirme et renforce le bien que j’avais pensé du premier volume.
En vidant le garage d’une vieille dame décédée récemment, les déménageurs ont la désagréable surprise de trouver une jambe chaussée dans un sac plastique. La recherche des personnes disparues et les analyses ADN permettent d’identifier la victime : une jeune étudiante qui arrondissait ses fins de mois dans les boites à striptease. Elle avait disparu cinq ans plus tôt. D’autre morceaux sont alors trouvés, mais quelques jours plus tard les policiers découvrent une main qui ne colle pas : une main d’homme. Celle-là appartient à un prof d’une école d’ingénieurs locale, disparu lui depuis moins d’une semaine.
Alors que les enquêteurs sur le pied de guerre cherchent du côté du crime sexuel, Fiona Griffiths est persuadée que la vérité est ailleurs. Contre l’avis de sa hiérarchie, elle démarre sa propre enquête, tout en essayant de se comporter « normalement » et en fouillant son passé pour essayer de comprendre qui elle est …
J’avais donc bien aimé le premier, je suis complètement convaincu par le second ! J’aime beaucoup ce mélange de « cousu main » britannique avec l’humour décalé qui vient de Fiona. Fiona qui, si vous vous en souvenez, a souffert d’une grave maladie psychologique et qui a beaucoup de mal à ressentir et à agir comme les autres. Fiona qui s’efforce, vraiment, d’être une bonne collègue, une bonne sœur, une bonne petite amie, une bonne future épouse ? Mais qui ne sait pas vraiment ce qu’il faut faire pour et tente de copier ce qu’elle comprend des actions des autres. Cette situation la rend à la fois très drôle, très caustique et très touchante. C’est la grande réussite de cet auteur.
A côté de ça, autre bizarrerie, son père fut l’un des parrains de la pègre de Cardiff, et elle a quelques amis pas piqués des hannetons. Donc il ne faut pas non plus trop la chercher … Ce qui rajoute du piquant à l’histoire, et donne une saveur originale et ma foi très agréable à ce qui ne serait sinon qu’un procédural de plus, fort bon mais classique.
Il y a donc ce plus, et un autre, car, comme pour le Michael Mention, si des phrases comme « Sauf qu’on n’est pas des cons. On fait un boulot honnête, pour un salaire acceptable. Ce n’est pas idiot, c’est responsable. C’est une attitude qui permet à la société de progresser. Il n’y a rien d’illégal dans la façon dont Prothero paie ses impôts, mais que quelqu’un qui gagne autant d’argent, et paie aussi peu d’impôts s’en foute encore plus dans les fouilles en vendant des armes à des dictateurs […] c’est un choix de vie ahurissant. » à propos d’un notable très respecté de Cardiff (mais il y en a des comme ça aussi chez nous non ?) ne font pas un bon roman, elles font plaisir quand elle arrivent comme une conclusion d’un roman déjà excellent.
Harry Bingham / Jusqu’à ce que la mort les réunisse (Love story, with murders, 2012), Presses de la cité/Sang d’encre (2014), traduit de l’anglais par Valérie Malfoy.