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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 16:49

Entre deux pavés, un roman de Massimo Carlotto fait parfaitement office de trou normand. C’est en général rapide, sacrément raide et ça décape les neurones ! Le souffle court ne fait pas exception.

Carlotto

Ils sont jeunes, cyniques, brillants et ambitieux. Ils en ont assez de subir la dictature des vieilles barbes qui ne veulent pas voir que le monde change. Ils ont décidé de prendre les choses en main, quitte à dégager les vieux. Ils sont quatre et se sont rencontrés en Angleterre où ils faisaient des études d’économie et ça va fumer. Seulement attention, si Inez navigue dans un milieu presque légal (les banques suisses), Zosim est dans la mafia russe, Mister Banerjee trafique dans la disparition de déchets hautement toxiques et les récupérations d’organes sur sujets vivants, et Giuseppe Cruciani a vendu ses parrains de la mafia calabraise … Des domaines d’activité très lucratifs, mais à haut risque. Tout ce beau monde, plus quelques narcos sud-américains, les services secrets russes et quelques autres malfaisants va se retrouver à Marseille où Bernadette Bourdet, flic plus que limite entend bien faire régner sa loi dans sa ville.


Ne cherchez pas les gentils, il n’y en a pas. Que des affreux, des infects, plus ou moins séduisants, plus ou moins salauds, plus ou moins prêts à verser eux-mêmes le sang de leur prochain, avec plus ou moins de raffinement dans la cruauté. Mais globalement que des fils de pute.


Et ça dégage, à toute allure. De Tchernobyl à Ciudad del Este (Paraguay), de Zurich à Marseille, de Milan à Alang (Inde), si des gens ont compris la mondialisation, ce sont bien les mafieux de tous bords.

Les quatre jeunes gens très propres sur eux sont d’autant plus dangereux et immondes qu’ils présentent bien et se gardent bien de tremper dans des affaires qui pourraient les mettre en contact avec les truands de la rue, ceux qui tuent, étripent, dealent. De parfaits représentants du capitalisme décomplexé et triomphant. Le tableau est sans pitié, l’écriture et les coups de griffes de Carlotto sanglants.


Deux cent pages à fond, qui se lisent le souffle coupé et le cœur au bord des lèvres.


Massimo Carlotto / Le souffle court (Respiro corto, 2012), Métailié (2014), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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commentaires

N
<br /> C'était le premier Carlotto que je lisais... et quelle claque ! Bon sang que c'est excellent ! Pas un seul mot superflu avec lui, en un seul paragraphe il est capable de décrire une scène d'une<br /> grande puissance, J'ai dévoré ce premier volet du "Dromos Gang" en languissant déjà la suite ! En attendant, j'ai passé commande de "L'immense obscurité de la mort" et de "Arriverderci Amore".<br />
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J
<br /> <br /> Et "rien, plus rien au monde". Il faut absolument lire ce chef d'oeuvre !<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Padana city est certes le plus faible des romans de Carlotto sortis en français. A ce propos, on peut toujours déplorer l'absence de traduction de 3 romans de la série consacrée à l'aligator<br /> (seuls les tomes 1 et 5 ont été traduits, le 1er en série noire, le 5e chez Métailié).<br />
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J
<br /> <br /> Petit message que j'essaierai de faire passer à serge Quadruppani ...<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Bonjour Jean-Marc,<br /> <br /> <br /> grand admirateur de Carlotto, j'ai du mal à partager l'enthousiasme que je lis un peu partout concernant son dernier texte. Je te poste ma petite chronique (également chez l'ami Bernard S.).<br /> <br /> <br /> Pour le dire tout de go: on a un peu de mal à<br /> reconnaître la patte du maître du hard boiled italien dans cette dernière livraison. Le roman est certes nerveux, court et bien troussé, mais génère un certain nombre de frustrations.<br /> <br /> <br /> Une dizaine de jeunes criminels de tous horizons<br /> géographiques et de cultures fort différentes se retrouvent à Marseille avec l'espoir de se faire oublier tout en briguant fortune au passage, histoire de joindre l'utile à l'agréable. Mais tous<br /> finiront essorés par cette ville emblématique, capitale de renom de la pègre française. Car si certaines factions s'opposent, si des flics pas très nets poursuivent des objectifs peu avouables en<br /> usant de moyens qui le sont encore moins, l'auteur dessine petit à petit le personnage de la ville elle-même, qui devient une espèce d'ogre auquel il est dangereux de se frotter si on n'en a pas<br /> préalablement une connaissance intime.<br /> <br /> <br /> Trop de personnages dans ces 200 pages d'une très<br /> (trop?) grande nervosité. Tous ne se définissent finalement que par leur capacité à intriguer, à manipuler, à torturer, à tuer. Les dialogues sont toujours très efficaces, même s'il est<br /> impossible – avec toute la bonne volonté du monde – de reconnaître le vocabulaire des petits trafiquants des quartiers nord dans les mots que Carlotto / Quadruppani mettent dans leur<br /> bouche ; on peut certes passer facilement là dessus. Ce roman est un tourbillon dont on ressort étourdi et sur notre faim. Outre le fait que rien n'est fait pour susciter la sympathie chez<br /> aucun d'entre eux (un parti pris tout à fait respectable, habituel chez Carlotto), on ne fait que survoler ces échantillons d'humanité déviante, malheureusement très crédibles.<br /> <br /> <br /> Je retiendrai personnellement, dès le premier<br /> chapitre, quelques paragraphes saisissants illustrant de manière épouvantable le cynisme et l'absence totale d'empathie de ce jeune et brillant indien, patron d'un gigantesque chantier de<br /> démantèlement de navires, embauchant de jeunes familles tamoules dans la misère et les tuant au travail, les exposant aux produits et vapeurs toxiques le temps que la chimie les rende malades et<br /> puis les tue, jeunes papas et mamans avec leurs enfants : "tu ne peux pas les chasser dès qu'il y en a un qui va mal, tu risques que personne ne<br /> veuille plus travailler pour toi". Voir les dernières pages du recueil de photographies "Oil" du canadien Burtynsky, pour ceux qui voudraient mettre des images sur cette horreur.<br /> Ce<br /> Carlotto restera donc comme une petite déception, après les 2 brillants précédents opus.
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J
<br /> <br /> Je comprends ce sentiment, et même si j'ai aimé, ce n'est pas, à mon avis du niveau de ses textes les plus forts. mais il excelle une fois de plus à dépeindre des pourris en apparence lisses,<br /> beaux et respectables.<br /> <br /> <br /> De mno côté seul padana city m'avait vraiment déçu.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Ouch! Tout ça a l'air bien bon !... Je l'ai acheté à sa sortie, et ce Carlotto me fait saliver d'avance (un peu comme le couscous qui m'attend à midi)... En fait, avec ce roman il inaugure une<br /> trilogie consacrée aux nouvelles mafias à l'heure de la mondialisation. Et Marseille (*) en serait l'une des plus grosses (la plus grosse ?) plaques tournantes européennes. Ce qui permet très<br /> certainement d'expliquer le climat d'insécurité de ces dernières années, pareil pour les fusillades et autres règlements de compte de ces derniers mois. D'ailleurs, Anne-Marie Métaiilié dit, dans<br /> le N° Spécial Polar du magazine Transfuge de ce mois d'avril (que je te recommande, ainsi que le hors-série du Monde), que « Massimo Carlotto explique que dans la mesure où les journaux ne font<br /> pas leur travail d'investigation, ce sont les écrivains qui ont pris le relais. Le noir devient alors un outil pour explorer le monde, fruit d'enquêtes très poussées. » Vive Carlotto, donc !<br /> <br /> <br /> Un autre polar qui a l'air intéressant, c'est le nouveau roman de Vincent Crouzet (expert et consultant en géostratégie, expert des zones de crises et des mouvements de guérilla, qui a déjà écrit<br /> des polars sur les filières diamantaires notamment), "Radioactif", paru chez Belfond, qui donnerait paraît-il des sueurs à certains hautes personnalités, même s'il a modifié dans son texte les<br /> noms et même parfois le sexe et l'âge. Son livre de faramineuses rétrocommissions versées lors de l'achat il y a quelques années par la France de concessions minières africaines (et donc<br /> d'uranium africain). Son personnage principal, un espion français qui vient de se faire virer de la DGSE, se fait mettre au courant par un intermédiaire jusqu'alors ennemi lors d'un rendez-vous à<br /> Londres, avant de partir enquêter à Cape Town, au Ghana, en Centrafrique, etc, où il va croiser de nombreux autres services de renseignement. Je ne sais pas si tu as reçu ce roman et/ou si tu vas<br /> le lire, mais tout cela m'a l'air bien intéressant aussi... Bon, après, c'est sûr il faut aussi que ça fasse un bon polar, moi je ne l'ai pas lu, j'ai juste vu qu'il avait déjà eu quelques avis<br /> positifs ici ou là.<br /> <br /> <br /> Sinon, je n'ai pas encore lu "Romanzo Criminale" mais au mois de mai Métailié publiera "Je suis le Libanais" de Giancarlo de Cataldo où l'auteur imagine la genèse du parcours du Libanais. Un très<br /> bon article à ce sujet ("Le nouvel ordre criminel", qui parle aussidu livre de Carlotto) vient de paraître dans le N°10 du "magbook" Alibi, d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> (*) Quant à Marseille, Asphalte publiera début mai le recueil "Marseille Noir" présenté par Cédric Fabre.<br /> <br /> <br /> Voilà, fin de ce flash d'informations, je rends l'antenne, belle journée à tous, joyeuses pâques et que chacun puisse se faire bercer les oeufs !... (ou quelque chose comme ça, je n'ai plus les<br /> formules officielles en tête !)<br /> <br /> <br />  <br />
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J
<br /> <br /> J'ai vu pour le De Cataldo que j'attends avec impatience.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Une présentation saignante à souhait. Un nombre de pages qui convient. Massimo... Un ragazzo italiano, no ? C'est bon je prends ! Merci pour l'info. Je tournais autour commis d'office depuis un<br /> moment... A la prochaine. Bye<br /> <br /> <br /> blʌd<br />
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J
<br /> <br /> Bye et bonne lecture.<br /> <br /> <br /> <br />

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