Un avis mitigé sur un polar que j’avais pourtant très envie d’aimer : Pensez donc Bizango de Stanley Péan est un roman québéquois (bien trop rares ici) écrit par un haïtien d’origine, tout pour plaire donc, et pourtant …
Dans les rues de Montréal, Gemme en a marre de son mac, le tout puissant Chill-O, caïd de la pègre haïtienne. Un soir où elle se rebelle, elle est aidé par un étrange personnage qui semble changer d'apparence selon ceux qui le voient. Il a aussi le redoutable privilège de pouvoir lire dans leurs pensées. Avec lui Gemme arrive à échapper la bande de Chill-O, non sans que son étrange protecteur commence à semer les cadavres sur son passage. Ce qui lui vaut d'être également poursuivi par la police, et en particulier par Lorenzo Appolon, flic d'origine haïtienne qui a juré de faire tomber Chill-O. Le chaos ne va pas tarder à envahir les rues de Montréal.
Même s’il est parfois difficile de dire ce qui cloche (et ce qui enthousiasme) dans un roman, un fait ne trompe pas : Je n’étais impatient, le soir, de me replonger dans Bizango, mais en même temps, je ne voulais pas le lâcher …
Du bon et du moins bon donc … Commençons par le moins bon. Avec en tête un style inégal. L'auteur alterne bien les différents niveaux de langage (créole haïtien, québéquois, parler des gangs avec son mélange d'anglais et de français …), mais tombe aussi parfois dans un style très appliqué, très explicatif, qui rompt le rythme ainsi obtenu. Autre chose gênante, la créature … C'est qu'il est trop tout puissant ce bizango, rien ne lui résiste, c'est superman au pays des nains. Peut-être l'auteur aurait-il dû davantage insister sur ses faiblesses, sur ses doutes sur sa propre identité. Et puis, longtemps, on ne voit pas bien où l’auteur veut aller, d’où vient son envie d’écrire ce livre en particulier.
Le bon ce sont … les variations de langage citées plus haut qui donne une véritable fraicheur au roman. Mais aussi la description d'une immigration haïtienne qui ne semble guère mieux traitée au Canada que nos immigrés chez nous, et une vraie habileté à écrire les scènes d'action.
Voilà, la fin est assez ouverte et peut laisser imaginer une suite, en espérant qu'elle gardera la même fraîcheur, tout en gommant les défauts.
Stanley Péan / Bizango, Les allusifs (2011).