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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 21:37

Voici donc la suite de Voleurs d’encre, polar historique très riche et très érudit de l’espagnol Alfonso Mateo Sagasta qui revient avec La chambre des merveilles, un polar tout aussi riche et un peu plus accessible à ceux qui, comme moi, ne sont pas forcément spécialistes de la littérature espagnole de l’âge d’or.

 

SagastaEn ce début de XVII° siècle les affaires d'Isidoro Montemayor, rencontré dans Voleurs d'encre, vont plutôt bien. Son amante la comtesse doña Micaela est belle, jeune, veuve et riche. Et elle va l'introduire auprès de son oncle, le marquis de Hornacho, richissime collectionneur dont l'archiviste vient d'être assassiné. C'est ainsi qu'Isidoro se retrouve tout les jours dans la chambre des merveilles du marquis, lieu ahurissant où les livres les plus rares côtoient les cornes de licornes et les crocodiles empaillés.

 

Les choses se gâtent quand il s'avère que le marquis a l'intention de lui confier un travail titanesque et surtout quand Isidoro découvre quelques pièces peu connues des visiteurs et certains hôtes, pour le moins étonnant de son nouveau maître. Et puis, reste une question. Que cherchait l'assassin de son prédécesseur ? Et s'il revenait ?

 

Revoilà donc le personnage central de Voleurs d'encre, revoilà surtout le Madrid de l'âge d'or. Si les personnages sont forts bien construits, et l'intrigue menée avec le plus grand sérieux (ce qui pêche souvent dans les mauvais polars historiques), une fois de plus c'est la reconstruction de ce Madrid de l'âge historique qui est le personnage principal du roman. Voleurs d’encre nécessitait, pour en saisir toutes les subtilités, une connaissance approfondie de la littérature classique espagnole, ici j'ai moins eu l'impression (peut-être à tord) de passer à côté de choses que je ne comprendrais pas.

 

Et je me suis régalé. Car la plume d’Alfonso Mateo Sagasta est aussi alerte que l'esprit de son personnage et parce que la description de la société madrilène est à la fois rude et savoureuse.

Rude dans la crudité des rapports sociaux de ce monde où quelqu'un qui n'est pas noble ne compte pas vraiment, et est à peine considéré comme humain. Rude dans le traitement de ces « monstres » que le marquis collectionne (on pense bien entendu à Elephant Man). Rude dans la description du poids de l’église et de l’inquisition.

 

Et savoureuse et sensuelle dans cette évocation où textures, odeurs, goûts et bruits concourent à rendre la richesse de l'ambiance. On a envie, avec Isidoro, de glisser la main dans la manche béante de son amante, on goûte un fruit confit, on sent (malheureusement) l’odeur de la mort et de la crasse … Avec une mention spéciale pour la description de la médecine de l'époque et en particulier (avec la médaille d’or toutes catégories !) une méthode inédite pour tenter de faire revenir à eux les noyés. Je n’en dirai pas plus, il vous faudra lire le roman pour la découvrir …

 

Alfonso Mateo Sagasta / La chambre des merveilles (El gabinete de las maravillas, 2006), Rivages/Thriller (2011), traduit de l’espagnol par Denise Laroutis.

 

PS. A l’occasion, rivages réédite en poche le précédent roman.

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