… Mais non, pas moi, c’est Robert Neville qui le dit.
Vieux motard que jamais comme on dit sur la route. J’en avais entendu parler, on me l’avait conseillé, on m’avait même ordonné de le lire, et je ne l’avais pas encore fait … Et on avait raison. IL FAUT LIRE Je suis une légende de Richard Matheson !
Robert Neville est le dernier homme sur Terre. Une épidémie a ravagé notre planète, transformant ses habitants en vampires assoiffés de sang. Dans la journée, Neville renforce les défenses de sa maison, veille sur ses provisions, tente de les débusquer pour les tuer d’un pieu dans le cœur. La nuit, il se calfeutre chez lui en essayant de ne pas les entendre qui hurlent derrière ses murs. En essayant de trouver un sens à sa survie. En essayant d’oublier qu’il a eu une femme et une petite fille …
Quelle claque ! Description saisissante d’un monde détruit, où le dernier survivant lutte autant contre ses peurs, ses hantises et ses propres démons que contre les hordes qui l’attendent au dehors. Pris en tenaille entre l’horreur extérieure et la folie qui le ronge il est en permanence sur le fil du rasoir.
Présenté comme ça, on pourrait penser que le roman est répétitif. Dans ce monde où rien ne peut plus changer, où les jours ne varient que par leur météo, et les nuits sont désespérément semblables, on devrait se lasser. Que nenni. L’auteur maîtrise parfaitement sa progression narrative, arrive à installer un suspense, et le lecteur, captivé, ne peut plus lâcher le bouquin.
Quand à la fin …
Il y a des romans qui suscitent une grande attente, beaucoup d’espoirs, dont on se demande avec impatience et anxiété comment l’auteur va pouvoir tenir, comment il va réussir une fin à la hauteur de ce qui précède … Et qui finalement retombent un poil (ou même parfois beaucoup) à la fin.
Et puis il y a ceux qui, dans la dernière page, en plus, vous assènent le coup de grâce qui vous emporte, vous bluffe ou vous met KO. Je suis une légende fait partie de cette catégorie, et je ne pense pas être encore remis de la fin. Si je m’en remets un jour …
Richard Matheson / Je suis une légende (I am legend, 1954), Folio/SF N°53 (2009), Traduit de l’américain par Nathalie Serval (nouvelle traduction).