On n’y croyait plus. On pensait qu’il était passé à autre chose. Et pourtant, on espérait. Et ça a fini par arriver. Quoi ? Le grand retour de Jean-Hugues Oppel ! Et en plus il revient là où on ne l’attendait pas, en Afrique, en territoire Awasati. Comme il n’est pas à une contradiction près, ça s’appelle Vostok.
Quelque part, dans un coin désertique et écrasé de chaleur la société Métal-IK exploite une mine de terres rares (et ses mineurs). Une exploitation qui s’est faite, comme toujours, au détriment des intérêts des premiers habitants du coin, les awas. Mais bon, on ne va pas laisser une poignée de sauvages nous priver de nos portables. Quand Tanya Lawrence, envoyée d’une officine onusienne vient mettre son nez dans l’affaire, certains tiquent. Et peuvent être tentés de s’en débarrasser de façon expéditive. C’est sans compter sur Tony Donizzi, homme à tout faire et homme de ressource de la mine qui a décidé de la protéger. Pendant que les hommes se débattent dans la chaleur, les awas perçoivent des signes, et commencent à avoir peur …
« les informations géostratégiques touchant de près ou de loin à la situation du territoire Awasati sont classées CONFIDENTIEL jusqu’à nouvel ordre. » peut-on lire en ouvrant Vostok. C’est sans doute pour cela que je n’ai rien trouvé sur internet sur ce territoire qui serait donc fruit de l’imagination débordante du grand Jean-Hugues.
Ce qui ne m’étonne qu’à moitié. Car de l’imagination il en a le bougre. Mais une imagination qui s’appuie sur du concret. Parce que des compagnies minières qui se foutent complètement des intérêts et des modes de vie des gens qu’elles déplacent pour gagner du fric ; qui exploitent à la limite de l’esclavagisme des mineurs qui n’ont d’autre alternative qu’obéir ou crever de faim ; et qui envoient sur place des néo colonialistes alcolos, ambitieux, méprisants et pourris jusqu’à la moelle, il doit bien en exister quelques unes …
Pour le reste, c’est un vrai bonheur de retrouver le style JHO. Phrases qui claquent, humour, sens de la formule et indignation intacte mais jamais moralisatrice. Du rythme, des références qui pleuvent (cinéma, musique, bouquins … on en perd forcément), des scènes d’actions parfaitement maîtrisées et un final grandiose.
En bref JHO est de retour, c’est tant mieux, et on espère déjà que le prochain est en route.
Jean-Hugues Oppel / Vostok, Rivages/Noir (2013).