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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 23:55

Avec Empereur des ténèbres, roman reconnu par la critique et premier prix Violeta Negra du festival Toulouse polars du Sud, Ignacio del Valle nous avait plongés dans l’enfer blanc et gelé du siège de Leningrad à la suite de son personnage Arturo Andrade, soldat de la Division Azul engagé auprès de l’armée allemande. On le retrouve dans Les démons de Berlin, assistant aux derniers jours du régime nazi dans un Berlin à feu et à sang.

 

del valleArturo Andrade a donc miraculeusement survécu à la débâcle allemande face à Leningrad. Contrairement à la majorité des soldats engagés dans la Division Azul il a décidé de rester à Berlin auprès de l’ambassade espagnole. Quand un des scientifiques travaillant sur l’arme nucléaire est assassiné, les SS qui ont pu apprécier ses capacités d’enquêteur lui demandent de collaborer avec la police et leurs propres forces pour trouver le coupable. De leur côté les franquistes sont intéressés par ce programme. Ils aimeraient bien savoir s’il reste une infime chance que l’Allemagne gagne la guerre, histoire d’être surs de choisir le bon camp … Pris entre les SS, la police et la Gestapo d’un côté, les franquistes et les phalangistes de l’autre, sans compter les soviétiques aux portes de la ville, Arturo va enquêter, hagard, dans un décor de fin du monde.

 

Autant Empereurs des ténèbres était blanc et gelé, autant Les démons de Berlin est rouge et noir, et brûlant. Noir de la suie et des décombres, rouge du sang et des flammes. Autant le premier semblait anesthésié par le froid et le gel, autant celui-ci résonne du fracas assourdissant des canons.

 

Impressionnante reconstruction historique, digne des tableaux les plus hallucinés. Feu, sang, fer, vacarme et folie furieuse, meurtrière et mystique. Folie du dernier cercle autour d’Hitler, folie de SS complètement fanatisés, folie d’une certaine aristocratie allemande plus ou moins mystique, plus ou moins cynique. Folie et rage du pillage, du viol, de la misère absolue … Et à l’arrivée toujours les mêmes qui trinquent, qui ont subi la folie nazie (même s’ils ont adhéré en partie), puis les bombardements, et finalement le saccage par l’armée rouge.

 

Emporté par cet ouragan l’enquête avance mais reste secondaire, de même qu’est de plus en plus secondaire l’attachement d’Arturo à son Espagne natale et à ses propres luttes et démons (fanatisme religieux, rivalité entre Phalange et franquistes). Tout est balayé par la déraison nazie et l’horreur de la guerre.

 

Dans cet enfer Arturo regarde le Mal dans le fond des yeux, souhaitant de tout cœur découvrir qu’il est d’une nature inhumaine. Hélas, chez les SS les plus fanatiques et les manipulateurs illuminés les plus cyniques il ne voit … que des hommes.

 

Une confirmation douloureuse et dérangeante. Mais une confirmation indispensable pour ceux qui pourraient (et voudraient) croire que ce Mal absolu ne fut possible qu’à cet endroit là, à ce moment là et que nous en sommes à jamais protégés.

 

Au milieu de cette démence, des scènes d’une humanité rare surnagent. Et l’auteur nous fait le cadeau d’une image finale d’une beauté surréaliste et bouleversante.

 

Ignacio del Valle / Les démons de Berlin (Los demonios de Berlin, 2009), Phébus (2012), traduit de l’espagnol par Karine Louesdon et José-Maria Ruiz-Funes.

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commentaires

B
<br /> J'ai d ebeaucoup, préféré le premier à Leningrad.<br /> <br /> <br /> Ici, les quelques dérives qui parsemaient l'épisode précédent prennent une importance beaucoup trop grande. Dans cette ambiance de fin de règne, de déroute militaire, la fin du monde est si<br /> proche, Berlin ressemble tellement à l'enfer, que Del Valle se laisse emporter par ses propres démons. Ses envolées philosophiques ou lyriques, ses digressions romantiques ou mystiques, prennent<br /> beaucoup de place et de pages, pour finir par dévorer l'intrigue policière.Tel un Néron pyromane, l'auteur se perd (et nous avec) dans les descriptions flamboyantes de la ville en proie aux<br /> bombes et aux flammes.<br />
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J
<br /> <br /> J'ai reporté ton commentaire sur ma nouvelle adresse (wordpress) pour y répondre la même chose qu'ici :<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas été géné par le côté moins polar plus chronique ou envolées, mais je comprends ces réticences et j'ai moi aussi préféré le premier.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> bien evidementt j'ai loupé le premier<br /> <br /> <br /> arffffffffff<br /> <br /> <br /> je vais me faire les 2, putain y surproductions<br />
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J
<br /> <br /> C'est certain, il y a surproduction, et on en rate forcément.<br /> <br /> <br /> Le bon côté des choses est qu'on est certain de ne jamais s'ennuyer.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Merci pour cette précision, je vais donc suivre ton conseil.<br />
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J
<br /> <br /> Bonne lecture.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Voilà qui devrait me plaire et cet avis tombe à pic : j'ai hésité devant ce titre il y a quelques jours, dans une librairie (non, non, faut pas croire, je traîne très rarement dans les<br /> librairies...). Je vais me laisser tenter, alors.<br /> <br /> <br /> Me conseilles-tu de lire auparavant le premier opus ?<br />
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J
<br /> <br /> Je conseille de lire aussi l'autre. Pas forcément avant, car même s'il y a une chronologue entre les deux ils peuvent très bien s'apprécier séparément.<br /> <br /> <br /> Mais pour compléter le tableau. Les deux se complètent et offrent deux visions, de deux moments de cette époque apocalyptique. Et les deux sont excellents.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Ben dis donc ça donne envie de le lire. Mais je pense qu'il faut le lire après empereur des ténèbres. Qu'en penses tu ? Bon je pars 10 jours en vacances à Berlin cet après-midi, j'espère bien me<br /> laisser tenter  par d'autres démons.<br />
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J
<br /> <br /> On peut très bien le lire sans avoir lu Empereurs des ténèbres. Même s'il reprend le personnage central, Les démons de Berlin ne fait que très très peu d'allusions au premier et peut être<br /> considéré comme entièrement indépendant.<br /> <br /> <br /> <br />

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