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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 22:07

Il sort jeudi et son auteur sera en France en janvier, avec entre autres une visite à Toulouse le mardi 11 à Ombres Blanches. C’est un roman historique écrit par un écrivain de polars, c’est un roman à portée mondiale écrit par un cubain, c’est sans conteste l’un des chocs de cette rentrée 2011, c’est L’homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura.

 

Padura1977, Ivan, journaliste et auteur cubain frustré rencontre sur une plage proche de La Havane un homme malade qui promène deux magnifiques lévriers russes. Un homme étrange qui semble se prendre d'amitié pour lui et lui confie, au fil des rencontres, l'histoire de Ramon Mercader, l'assassin de Trotski. L’homme n’a pas le temps de tout raconter avant de disparaître, mais il a le temps d’exciter la curiosité d'Ivan, réveillant peu à peu son envie d'écrire.

 

Ce n'est qu'en 2004, à la mort de sa femme, qu’Ivan va sauter le pas et se décider enfin à écrire son grand roman, grâce à ses confidences, aux recherches qu'il a faites et à différents documents que de mystérieux inconnus lui ont fait parvenir après la disparition de l'homme aux chiens.

 

Magistral, monumental, impressionnant … Et bien plus que ça. Plus de six cent pages qui reviennent sur la vie de Trotski en exil, sur la lente fabrication de Ramon Mercader, alias Jacques Mornard, jeune républicain espagnol manipulé et façonné pour devenir un assassin, le meurtrier du paria le plus célèbre du XX° siècle, et sur la vie d'un écrivain brisé à Cuba entre la fin des années 70 et le début du XXI° siècle.

 

Plus de six cent pages à côtoyer l'Histoire, à la raconter au travers de mille histoires. A décrire le lent cheminement qui aboutit à l'assassinat de Trotski, mais également à celui de millions d'hommes et surtout à celui de la plus belle idée du XX° siècle, confisquée et pervertie par ceux qui, par la terreur, ont trahis ceux qui croyaient œuvrer pour le bien de tous. Au point que cette idée pourtant généreuse est maintenant automatiquement associée à cette terreur (ce qui arrange bien les tenants de l’individualisme forcené autre nom du capitalisme).

 

Le roman nous fait voyager, dans le temps et dans l'espace, côtoyer des légendes, redécouvrir de l'intérieur les plus grandes polémiques politiques du siècle passé. Il nous fait toucher du doigt les haines féroces qui ont opposé des hommes qui pourtant auraient dû travailler ensemble. Il explique pourquoi, 70 ans plus tard, les gauches sont toujours aussi dispersées, pourquoi souvent on a l’impression que le pire ennemi est celui qui devrait, en toute logique, être l’allié le plus proche.

 

Sans oublier que Padura est un auteur de romans policiers. Un auteur qui maîtrise à la perfection sa construction pourtant complexe, qui jongle avec les lieux et les temps, et qui, sans qu’on s’en rende bien compte au début, tricote merveilleusement son intrigue pour créer une tension grandissante, jusqu’à être quasi insupportable à l’approche du dénouement. Le chapitre consacré aux dernières minutes avant l’assassinat est, à lui seul, un pur chef-d’œuvre.

 

Un roman indispensable. Un roman éblouissant pour commencer cette année 2011 en beauté.

 

Leonardo Padura / L’homme qui aimait les chiens (El hombre que amaba a los perros, 2009), Métailié (2011), traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis et Elena Zayas.

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commentaires

S
<br /> <br /> Bon, je vais m'accorcher ET attendre avec impatience le retour du Condé...<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Pffffff... moi qui aime tant Padura, j'ai vraiment du mal avec ce livre.... Je m'endors sur les chapitres consacrés à Trostky (je les trouve lourdement écrits, descriptifs à la limite du<br /> soporifique), un peu moins sur ceux de Ramon Mercader, et en suis à ne lire que ceux du récit d'Ivan, où je retrouve la plume légère de Padura.... J'ai failli tout lacher à la page 80, je<br /> m'accroche tant que je peux... A suivre...<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> C'est peutêtre parce que le sujet me pasionne que je n'ai pas été géné du tout par les chapitres sur Trotski et Mercader ...<br /> <br /> <br /> Et si ça ne va vraiment pas, sachez que Mario Conde reviendra dans le prochain roman de Padura.<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> <br /> Je viens de le finir (billet en attente) et j'ai la sensation d'avoir lu un très grand roman. Padura que j'avis déjà beaucoup aimé dans Les brumes du passé est encore monté d'un cran. Formidable<br /> !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Oui, un grand roman. Mais je garde aussi une grande tendresse pour la série des Mario Conde.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Pas encore lu le Padura, mais sur ce thème, je me souviens de l'excellente BD “Les amants de Sylvia“ de Gani Jakupi, chez Futuropolis, c'est sorti cet été (avec une saloperie d'autocollant qui<br /> dénature la couverture et l'abîme quand on veut l'enlever, mais ça...)<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je note les amants de Sylvia.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> un grand MERCI ! Sophie<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> De rien, content de rendre service.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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