Pour me « détendre » après TPS, et avant d’attaquer une série hispanique, en partie achetée au salon, j’avais besoin d’un coup de raide. Du bien noir, bien serré. Du qui gifle, qui réveille. « Une boisson d’hommes » comme dirait l’autre, avec de la pomme, mais aussi de la poire … En l’occurrence plutôt de l’orge … Il s’agit de En ce sanctuaire, dernier Jack Taylor, le privé irlandais de Ken Bruen.
Jack Taylor va mal. Ce qui n’est pas nouveau. Il avait son billet pour l’Amérique quand Ridge, la garda avec qui il entretient un relation amicale toute en piquants (et en piques) lui a annoncé qu’elle était atteinte d’un cancer. Alors Jack est resté à Galway. Où il reçoit la lettre d’un fou furieux lui annonçant la mort prochaine de deux flics, un juge, une nonne … et un enfant. Bien entendu, la police lui rit au nez et, une fois de plus, il devra enquêter, bien contre son gré, dans cette Irlande qu’il reconnaît de moins en moins.
Un Jack Taylor pur noir … Jack toujours aussi désespéré, aussi cinglant, aussi hargneux … aussi humain sous la carapace. Galway toujours méconnaissable, transformée par l’incroyable richesse tombée d’un coup sur quelques uns, laissant les autres plus pauvres que jamais. Une intrigue … prétexte. Prétexte à sonder les âmes en peine, à toucher le fond du désespoir. Et l’écriture de Ken Bruen. Limpide, tranchante, chantante, référencée … Bref, tout ce que j’aime, qui bouleverse, fait rager, pleurer, sourire, rire même parfois.
Allez, quelques extraits, juste pour retrouver l’humeur agréable de ce vieux Jack :
« M’étais permis le geste puéril de claquer la porte derrière moi ?
Y a intérêt. »
Et là, vous avez tout Jack :
« L’amabilité me déstabilise. Je suis tellement habitué aux échanges acerbes que la gentillesse authentique me trouble. Je lui retournai mon plus beau sourire en espérant qu’il ne ressemblait pas trop à une grimace »
Voilà, venez pour une virée désespérée et magnifique dans l’Irlande d’aujourd’hui.
Ken Bruen / En ce sanctuaire (Sanctuary, 2008), Série Noire (2010), traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre Bondil.