A ce jour la collection « Ville Noire » est riche. Malheureusement, je n’ai trouvé le temps de lire entièrement que Barcelone, Mexico et Paris. Et j’ai pioché ici et là dans Londres et Rome … Voici cette fois La Havane.
Sans grande originalité je vais reprendre ce que j’ai dit sur les précédents recueils : On a forcément un résultat un peu inégal, avec ses chouchous et ceux qu’on aime moins. La spécificité de celui-ci étant que la personne qui a rassemblé ce recueil ne vit pas à La Havane et n’a pas écrit en espagnol mais en anglais …
Ce qui explique peut-être quelques nouvelles qui relèvent plus de la diatribe de réfugié cubain de Miami que de la littérature, la palme étant sans doute à attribuer à Vengeance chinoise de Oscar Ortiz qui touche au grotesque … J’avoue ça m’a un peu agacé.
Mais il y a aussi du bon, et du très bon.
Le bon est à chercher dans la première nouvelle, flirtant avec le fantastique, L’homme de nulle part de Miguel Mejides qui met en scène un gang de nains vivant dans les égouts qui mettent la main sur la ville.
Shanghai de Alex Abella est une jolie reconstitution du ton hardboiled dans une ville secouée par les derniers soubresauts de la révolution.
Un bon récit de dérive dans un quartier laissé à l’abandon où les seuls revenus viennent des trafics divers et variés, avec Le pont rouge de Yoss.
La coca cola del olvido de Lea Aschkenas parle d’exil et de séparation, vu du côté de ceux qui sont restés et qui n’ont plus de nouvelles de ceux qui sont passés aux US.
Le très bon, c’est une fois de plus le grand Leonardo Padura qui, dans une nouvelle très sombre et très dure, Regarder le soleil en face, suit la dérive de quelques jeunes sans avenir. Une nouvelle au ton beaucoup plus âpre et désespéré que la tonalité douce-amère de la série Mario Conde.
Ou La scène de Mylène Fernandez Pintado, derniers jours d’une vieille femme dans un immeuble promis à la démolition.
Ou la très vénéneuse Orchidée de Mariela Varona Roque, texte très court et sans concession qui en quelques pages nous plonge dans l’horreur.
Voilà pour mes préférés, vous aurez très certainement les vôtres. Un dernier regret, j’aurais bien aimé retrouver un texte de Lorenzo Lunar découvert il y a peu, ou un inédit de Julio Vasco, ou un de Daniel Chavarria … tant pis.
Collectif / La Havane Noir, Asphalte (2013), traduit de l’espagnol par Olivier Hamilton et de l’anglais par Marthe Picard.