Mea culpa, mea très grande culpa ! Cela fait un petit moment que je tourne autour des romans de Dominique Sylvain (qui en a quelques uns à son actif), que j’en entends dire (et j’en lis) du bien un peu partout, que nous échangeons via une liste ou l’autre, ici ou là … et je n’avais encore rien lu d’elle, si ce n’est une nouvelle (très bien d’ailleurs) parue dans une collection trop tôt disparue dirigée par Claude Mesplède chez Autrement. Et bien s’est fini tout ça, j’ai lu son dernier Guerre sale, et c’est sur, je ne raterai pas les prochains (et je vais tâcher d’en récupérer quelques anciens).
Florian Vidal, bras droit de Richard Gratien, avocat, un des hommes les plus influents de la Françafrique est retrouvé mort dans une piscine. Il a subi le supplice du pneu enflammé. L’équipe de la criminelle de Sacha Duguin sait, dès le départ, que l’enquête sera sensible, difficile, et qu’ON leur mettra des bâtons dans les roues. Autre difficulté, ils vont avoir dans les pattes l’ancienne commissaire Lola Jost dont un adjoint d’origine africaine avait été tué de la même façon cinq ans auparavant. Un meurtre jamais élucidé qui avait précipité son départ à la retraite. Lola Jost et son amie Ingrid Diesel qui n’ont rien perdu de leur qualités d’enquêtrices, n’aiment guère Duguin et ont une liberté d’action qui décuple leurs capacité de « nuisance ». Autant dire que Duguin va devoir marcher sur une corde raide …
Tous les ingrédients sont réunis :
Une toile de fond noire à souhait, riche en possibilités et peu explorée par les polardeux français. Quel cadre plus favorable que la Françafrique avec ce que cela comporte de compromissions, corruption, (rétro)commissions (pour reprendre des mots en ion qu’Ingrid affectionne particulièrement !). Une toile de fond que Dominique Sylvain a le talent et l’intelligence de laisser à sa place … de toile de fond, évitant ainsi de sacrifier le reste et d’écrire un pamphlet. Le reste ce sont :
Des personnages incarnés, charnels, auxquels on croit immédiatement, auxquels on s’attache, ou auxquels on a envie de filer des claques. Ils sont vrais, complexes, jamais entièrement blancs ou noirs (sans jeu de mot idiot) avec leurs côtés sombres, leur grandeur, leurs lâchetés, leur méchanceté et leur générosité, bref, des vrais humains.
Des dialogues qui sonnent vrai, pimentés juste ce qu’il faut des délicieux anglicismes d’Ingrid, et des non moins délicieuses discussions sur les bizarreries de notre langue entre les deux amies.
Une belle description du décor, Paris sous la pluie, le restau accueillant et ses plats qui mettent l’eau à la bouche …
Ne restait plus qu’à réussir la cuisson. Elle est parfaite. Suspense savamment distillé, changements de rythme, accélération sur le final. On est accroché dès le début et on suit jusqu’à la fin, sans que l’attention se relâche un seul instant. Et pour finir, la petite touche de la chef, l’épice finale, qui conclue le roman de façon magistrale lui donnant une saveur ... Une saveur que je vous laisse découvrir.
Chapeau bas. Pour en savoir plus, Bernard Strainchamps a interviewé Dominique Sylvain sur Bibliosurf.
Dominique Sylvain / Guerre sale, Viviane Hamy (2011).
PS. Pour la musique c’est facile, comme dans Les Harmoniques la bande son est fournie par le roman.