Comme je disais, retour aux fondamentaux, avec ce Dave Robicheaux. Et pourtant, il faut croire que je suis maudit, il me reste une pointe de frustration à la lecture de Jolie Blon’s Bounce.
Amanda, seize ans, a été violée puis abattue de deux balles. Les soupçons se portent immédiatement sur Tee Bobby Hulin, musicien noir surdoué qui lui tournait autour. Tee, malgré son talent, peine à survivre tant il est ravagé par la drogue. Dave Robicheau l’arrête mais il n'est pas vraiment convaincu de sa culpabilité. Les choses se compliquent quand il s'avère que c'est Perry Lasalle, dernier rejeton de la famille qui fait la pluie et le beau temps à New Iberia depuis des générations, qui défendra Tee. Elles se compliquent encore quand intervient un dénommé Legion, un être sadique et sans morale, ancien contremaître du grand-père de Perry. Puis une prostituée, fille d'un mafieux local est tuée dans des circonstances analogues …
Jusqu'à la toute fin on a un grand James Lee Burke : Histoire parfaitement menée, personnages superbes, complexes, torturés, effrayants ou immédiatement attachants, et toujours la Louisiane, ses bayous, sa musique, les injustices passées et présentes. Une Louisiane que la magnifique écriture de James Lee Burke nous fait sentir de façon charnelle. On ressent la pluie battante, on entend le saut d'un poisson, on sent l'odeur de décomposition du bayou, on voit le coucher de soleil flamboyant. Et on a l'impression de vivre cet endroit, hier et aujourd'hui. On perçoit l’amour doublé d’amertume de Robicheaux (et de son auteur) pour cet endroit qui pourrait être un paradis et que la cupidité et l’ignorance des hommes transforme si souvent en enfer.
Et puis il y a la fin. Alors que s'annonce la confrontation finale, l'auteur l'escamote et nous envoie directement à l'épilogue. On a l'impression qu'il manque un chapitre au bouquin ! On serait chez James Sallis, coutumier de ce genre d’ellipse, on comprendrait, on s’y attendrait . Mais pas chez Burke. Il ne fait pas d’impasse d’habitude. Quelle frustration !
Est-ce que je suis le seul à avoir ressenti ça ?
James Lee Burke / Jolie blon’s bounce (Jolie blon’s bounce, 2002), Rivages/Noir (2009), Traduit de l’américain par Freddy Michalski.