Quelque part. Cinq fillettes ont été enlevées, les unes après les autres. La police est sur les dents mais n’a aucune piste. Quand, en forêt on trouve des bras gauches. Ceux des victimes. Sauf qu’il y en a un sixième. Entre l’équipe du criminaliste Goran Gavila spécialiste des tueurs en série, à laquelle s’est jointe Mila Vasquez, grande spécialistes des affaires d’enlèvement et le monstre la course poursuite est lancée. Une course dans laquelle le tueur a plusieurs tours d’avance.
Je n’aime pas les thrillers. Mais bon, je n’aimais pas non plus les huîtres quand j’étais petit … Donc de temps en temps je vérifie. Maintenant j’adore les huîtres, toujours pas les thrillers. Du moins pas celui-ci. Pourtant on lit du bien de ce Chuchoteur de Donato Carrisi ici et là, et un copain fiable me l’avait passé. Et puis un thriller italien, ça s’essaye …
Qu’est-ce que je lui reproche. Essentiellement d’être resté complètement indifférent à ce qui arrive aux différents protagonistes. Et si on se fout complètement de ce qui leur arrive, on n’a pas peur. Et une histoire de serial killer super-méga diabolique qui fait pas peur … Donc je m’en foutais. Du coup, j’ai vu tous les défauts, qui seraient très certainement passés inaperçus (ou indolores) si j’avais été pris.
Pour commencer ce n’est qu’une variation de plus (et il y en a eu beaucoup) sur le thème du très méchant qui manipule tout le monde. Histoire déjà lue, qui pourrait passer s’il y avait autre chose. Mais mis à part quelques coups de théâtre, surprenants au début un poil répétitifs vers la fin, il n’y a rien de plus. Aucun encrage dans aucune réalité, aucune réflexion sur rien, des wagons de clichés, un fourretout avec en prime du super affreux une pincée d’ésotérismo/fantastique à poil long (qui en plus vient faire avancer l’action ce qui est un peu trop facile quand même), un pseudo jargon scientifique et psychologique pour faire sérieux … Et un final pas franchement convaincant. Je sais je suis pas gentil, et j’exagère certainement, mais franchement, c’est pas mon truc.
Ceci dit, comme il ne faut jamais perdre un occasion de s’instruire je vais en profiter pour corriger une erreur assez répandue véhiculée ici par un auteur qui aurait dû vérifier avant d’écrire. A un moment particulièrement dramatique, les enquêteurs récupèrent un « GPS » et en se guidant sur son signal trouvent un charnier … Ca marche pas comme ça !
Contrairement à ce qu’on peut penser, le fameux GPS que vous avez peut-être dans votre voiture n’est pas un appareil qui émet un signal, c’est un appareil qui reçoit un signal. Un signal émis par un certains nombre de satellites en orbite autour de la Terre (et pas par un émetteur qu’on peut cacher quelque part). Ces satellites ne savent absolument pas où vous êtes. Votre GPS lui sait où sont les satellites (leur orbite est connue du système). Sachant où ils sont, et mesurant d’où vient le signal, il peut calculer où il se trouve. Donc la seule et unique information que peut vous fournir le GPS c’est où vous êtes. Et on ne peut pas retrouver la source d’un signal avec un GPS, parce que la seule source que capte le récepteur GPS tourne autour de la Terre. Voilà.
Une dernière chose, l’auteur s’est astucieusement laissé grande ouverte la porte pour une suite. Voilà qui ravira ceux qui ont aimé. Ce sera sans moi.
Non finalement encore autre chose. Parce que j’ai décidé d’être méchant jusqu’au bout. On lit en 4° de couverture : « Avant de se rendre compte qu'il a affaire à un psychopathe ingénieux qui est au moins aussi cruel que Hannibal Lecter, le lecteur a déjà traversé l'enfer. Carrisi installe une tension, permet tout juste au lecteur de respirer puis le pousse dans un abîme encore plus profond.» La Repubblica.
Ben je suis fort qu’Orphée parce que j’ai traversé l’enfer sans même m’en rendre compte, j’ai pas été essoufflé, et je suis remonté de l’abîme avec mes petites mains, sans piton ni mousqueton et sans bouger les oreilles !
Donato Carrisi / Le chuchoteur (Il suggeritore, 2009), Calmann-Levy (2010), traduit de l’italien par Anaïs Bokobza.