Personne ne pourra reprocher à Sébastien Rutés de se répéter. Après un polar historique et un western français, il publie aujourd’hui Mélancolie des corbeaux, une fable animalière.
Sur sa branche dans le Parc Montsouris Karka le corbeau médite sur la vie. Il fut un temps où il volait au dessus des forêts alpines. Il fit même partie du conseil des animaux de Paris. Puis il est tombé en disgrâce jusqu’à ce jour où Krarok, grand corbeau et maître du conseil le tire de sa solitude et fait de nouveau appel à ses services : Quatre lions, échappés d’on ne sait où, sèment la terreur dans les bois alentour. Il faut rapidement comprendre ce qu’il s’est passé avant que les humains affolés ne lancent une guerre aveugle contre tous les animaux de la capitale.
A chaque roman, Sébastien Rutés adapte son écriture au sujet traité. Elle se fait cette fois très classique, châtiée même, pour épouser les réflexions philosophique de Karka son narrateur. Le rythme est lent, l’enquête est prétexte à une réflexion sur l’antagonisme entre instinct et réflexion, entre l’animal et l’humain, doublée d’une réflexion politique sur l’utilisation de la peur comme outil de manipulation.
Les amateurs d’action et d’intrigue palpitante en seront pour leurs frais et trouveront sans aucun doute ce roman trop lent. Les autres apprécieront la beauté d’une langue qui sait se faire envoutante, l’angle inédit sous lequel Paris est vue et décrite (la ville étant d’ailleurs le point commun entre les trois romans de l’auteur) et l’originalité du propos.
Sébastien Rutés / Mélancolie des corbeaux, Actes Sud (2011).