J’entame donc cette cinquième saison avec deux romans qui m’ont laissé plutôt perplexe. Le premier est une sorte de mélange entre polar et anticipation post catastrophe. Cinacittà est signé Tommasio Pincio et je serai curieux d’avoir vos retours si vous l’avez lu …
Quelque part dans un futur proche, la catastrophe climatique a eu lieu, il n'y a plus d'hivers. Rome s'est transformée en une ville écrasée de chaleur, totalement désertée par ses habitants qui ont fui vers le grand nord. Elle est maintenant habitée uniquement par des chinois qui ont repris les affaires en main. Un seul Romain n'est pas parti, un homme qui a préféré rester à ne rien faire dans sa chambre d'hôtel. Dormir le jour et passer ses nuits à la Cité Interdite à boire des bières glacées en regardant les filles se tortiller autour de leur barre. Jusqu'au jour où il a rencontré Wang … Et c'est comme ça que maintenant, le dernier Romain se retrouve à méditer en prison pour le meurtre d'une prostituée chinoise …
Difficile de dire ce que j'ai ressenti à la lecture de ce bouquin. Le narrateur ne veut rien, n'a envie de rien … Il laisse couler la vie, en faisant le moins d'effort possible, sans rechercher la moindre satisfaction sinon celle d'être laissé tranquille. Il se fiche de ce qui arrive à sa ville, à son pays, et même à sa propre personne. Il ne se défende pas, ne se révolte pas … On devrait s'ennuyer prodigieusement et pourtant on ne s'ennuie pas. Il y a bien le suspense, le squelette d'intrigue, le petit hameçon qui fait que l'on veut savoir comment il s'est fait piéger, et on ne le sait qu'à la fin. C'est mince, et pourtant on tourne les pages.
Il y a des références cinématographiques, revendiquées comme celle à La Dolce Vita (même si le narrateur n’est pas un foudre de culture), on pense aussi aux Vetelloni cet autre film du grand Federico qui met en scène quelques grands gaillards qui ne font rien de leurs journées. Cela aussi ajoute au charme du roman.
Alors j’ai lu, avec plaisir, jusqu’à la fin … mais une fois la dernière page tournée, je me demande quand même quelle était l'intention de l'auteur.
Etrange, plaisant, attractif et déroutant, voire un peu frustrant. Un de ces mystérieux attracteurs étranges ?
Tommasio Pincio / Cinacittà (Cinacittà, 2008), Asphalte (2011), traduit de l’italien par Sarah Guilmault.