Je n’avais pas été totalement convaincu par le premier roman de Gioacchoino Criaco traduit chez Métailié. Mais j’y avais aimé suffisamment de choses pour tenter le second. Bonne pioche. J’ai dévoré American taste, impossible à lâcher dès la première page.
Mister B., ancien héros du Vietnam, Andreï, ex tueur russe, Kismi Urruela, ancien de l’ETA, Hakim, trafiquant druze et Pierre Bondel, trafiquant français, petit fils de chef de clan calabrais se sont rencontrés à Fleury-Mérogis. Aujourd’hui ils s’apprêtent à s’enfuir, une évasion rocambolesque financée par don Gino, le grand-père de Pierre. Une fois dehors, ils n’ont qu’une envie, se venger de Bobby Biren, ancien Marine, à la tête d’un empire de produits de luxe, empire qui sert de façade à un réseau de trafic de drogue international. Car s’ils se trouvent en prison, c’est à cause de Bobby. Une guerre sans merci se prépare.
On a déjà lu des histoires d’évasion et de vengeance, elles sont vieilles comme le Comte de Montecristo. Cela n’empêche pas de prendre plaisir à celle-ci, menée à cent à l’heure, écrite direct à l’os avec une économie de moyen réjouissante.
De la campagne calabraise (toujours aussi belle sous la plume de Criaco) à New York en passant par la Crête ou Milan, l’auteur nous amène à toute vitesse et en profite pour tricoter un empire de chantage, industrie de luxe et trafic de drogue qui a toute les allures de la vérité. Les personnages sont tous bigger than life, les affreux sont de vrais affreux, les scènes de castagne sont jouissives, et on n’en apprécie que davantage les très belles pages décrivant un repos bien mérité dans un village méditerranéen oublié de tous.
Un vrai régal qui se déguste très noir et très serré.
Gioacchino Criaco / American taste (American taste, 2011), Métailié (2013), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.