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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 18:21

Massimo Carlotto n’est jamais aussi bon que lorsqu’il met en scène un authentique salopard. Avec Giorgio Pellegrini, « héros » de Arrivederci amore il en tient un de belle facture. Du coup son dernier roman, A la fin d’un jour ennuyeux qui reprend le personnage est absolument excellent.


Carlotto

Giorgio Pellegrini est donc une authentique pourriture. Ancien combattant d’extrême gauche des années 70, converti sans état d’âme à la délation et à la délinquance, il s’est acheté une conduite grâce à l’argent mal acquis (et oui, contrairement à l’adage gentillet, bien mal acquis profite souvent). Il est aujourd’hui l’heureux propriétaire d’un restaurant où se rencontre le gratin de la Vénétie. En parallèle il gère de main de maître un petit groupe de prostituées de haut vol, très discrètes, à destination des politiques et hommes d’affaires. Et il est marié avec une très belle femme qui lui obéit en tout. La belle vie. Jusqu’à ce que son « ami » et associé l’avocat et député Brianese lui vole les deux millions d’euros qu’il lui avait confiés pour investissements. Une grosse erreur car, comme le dit Giorgio :


« Eux, ils avaient connu un homme différent, prêt à tout pour plaire et pour être accepté. Ils n’avaient pas la moindre idée de qui était vraiment Giorgio Pellegrini. »


Les italiens sont vraiment les meilleurs quand il s’agit de nous mettre dans la tête d’une authentique pourriture. Pas un psychopathe serial killer comme aux US. Pas même un fanatique raciste xénophobe, d’extrême droite … Non, juste un pur produit du capitalisme et de l’individualisme. Juste poussé à son extrême. Un qui ne pense qu’à lui, uniquement à lui, qui n’a aucun frein moral et un seul but, gagner du fric.


Le magnifique Giorgio Pellegrini peut rejoindre ses collègues Eddie Florio de Valerio Evangelisti, ou Gigi Vianello autre personnage de Massimo Carlotto. Infect avec les femmes, n’hésitant pas à tuer quand un meurtre l’arrange (même si la victime ne lui a rien fait), capable des pires extorsions, chantages, tortures … manipulateur, calculateur … et tout ça dans un seul et unique but : le bien être de Giorgio Pellegrini. Une vraie raclure, un vrai plaisir de lecture.


Car on se fait complètement piéger. A la question que je lui avais posée de savoir comment il avait supporté la cohabitation avec Florio, Valerio Evangelisti, très pince sans rire, m’avait répondu que ce n’était qu’un travail qui lui rapportait de l’argent. Que c’étaient ses lecteurs qui devaient se demander pourquoi ils payaient pour lire des horreurs pareilles ! Et en plus on prend plaisir à suivre les aventures infâmes de cet abominable, et on en vient presque à espérer qu’il réussisse et qu’il s’en tire.


Au-delà de la plaisanterie, rien de tel qu’un Giorgio ou un Eddie pour cristalliser et incarner un système pourri jusqu’à la moelle qui met au-dessus de toute valeur la réussite financière, et tous les signes extérieurs qui vont avec. Si les italiens sont si forts dans ce genre de littérature, c’est peut-être qu’ils ont eu, jusqu’à la nausée, un des plus beau représentant de cette société comme chef de gouvernement …


Massimo Carlotto / A la fin d’un jour ennuyeux (Alla fine de un giorno noioso, 2011), Métailié (2013), traduit de l’italien par Serge Quadruppani. 

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commentaires

N
<br /> Salut JM,<br /> <br /> <br /> Carlotto is back ce mois-ci avec "Le souffle court", premier volet d'une trilogie consacrée aux nouvelles mafias (aux mains de la nouvelle génération qui n'a plus rien à foutre du folklore<br /> traditionnel - ni, certainement, du "code d'honneur" - et qui profite de la mondialisation pour voyager et élargir leurs activités (trafic d'organes, etc). Et celui-ci devrait se dérouler en<br /> partie à Marseille (je suis sûr que le maire réélu croque depuis un bon moment et arrose généreusement autour de lui pour justement se faire réélire, soit dit en passant).<br /> <br /> <br /> Et puis, il y aussi l'avant-dernier roman de Moussa Konaté, un roman d'Elmer Mendoza chez Métailié aussi, John Connolly avec un roman écrit en 2004 sans Charlie Parker mais qui a l'air très bon,<br /> Thomas H. Cook qui a du annuler sa participation aux Quais du Polar pour raisons de santé... et, toujours au Seuil, "Ghosting", un roman de Kirby Gann encensé par Donald Ray Pollock qui a l'air<br /> très très bon aussi. Sans oublier chez Asphalte "N'appelle pas à la maison" de Carlos Zanon (même si je sais que tu n'avais pas accroché à son premier "Soudain trop tard", que pourtant j'ai<br /> beaucoup apprécié). Et je me rends compte que j'oublie Nesbo (déjà paru), James Lee Burke et bien d'autres... <br /> <br /> <br /> Enfin, à la base, tout ça pour te dire que le Carlotto a l'air vraiment bien !^^<br />
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J
<br /> <br /> Et Le Corre, et Willocks, et Bigham, et Mention ... Et la tête alouette. On est noyé, mais comme c'est que du bon on va pas se plaindre.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Excellent roman noir en effet. Et comme on pouvait s'en douter à la fin, ce n'en est pas fini de Pellegrini, j'ai appris qu'une suite était prévu pour 2015. Chouette !  <br />
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J
<br /> <br /> Excellente nouvelle !<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Je confirme que cet opus est excellent.<br /> <br /> <br /> Pour les amateurs de Massimo Carlotto, une courte interview de<br /> l'auteur sur Feedbooks.<br /> <br /> <br /> Vous aurez la recette du spritz ! ;-)<br />
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J
<br /> <br /> Merci pour le lien.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Salut Jean Marc, je l'achète demain. Amitiés<br />
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J
<br /> <br /> Voilà une excellente décision.<br /> <br /> <br /> <br />

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