L’histoire vraie du Robin de bois hongrois, mais un Robin des bois qui ne commet ses braquages que rond comme une queue de pelle, chargé au whisky, voilà qui est tentant. C’est La ballade du voleur au whisky, de Julian Rubinstein.
Attila Ambrus fait partie de la minorité hongroise de Transylvanie (Roumanie) opprimée (c’est à dire encore plus opprimée que les autres) par le charmant régime de Ceausescu. En 1988 il arrive à fuir son pays et débarque à Budapest où il va devenir l’un des pires goals de l’histoire du hockey sur glace hongrois, ainsi que concierge et homme à tout faire de la patinoire. Il reste un paria et un espion en puissance pour les autorités locales. La chute du mur et le passage au capitalisme le plus débridé ne changent rien pour lui. Il décide alors, devant la corruption généralisée et l’état pitoyable de la police locale de se servir. Il réalisera prêt de 30 braquages en moins de dix ans, et dilapidera tout l’argent volé au casino, en fêtes, voyages luxueux et, bien entendu, bouteilles de whisky. Car Attila ne commet ses braquages que correctement imbibés !
Je suis entièrement d’accord avec l’ami Yan d’encore du noir. Pas grand-chose à voir avec le mélange de Mesrine et de Panthère rose annoncé en quatrième. Par contre oui, c’est l’histoire du passage du communisme au capitalisme le plus sauvage, du pillage par les anciens maîtres politique des ressources du pays, de la corruption généralisée, de la destruction des services publics … Tout cela au travers d’une histoire vraie haute en couleur.
Et je suis encore d’accord avec lui quand il évoque les frères Coen, car c’est bien à leurs équipes de bras cassés qu’Attila et ses complices ponctuels font penser. Avec un côté désespéré et déprimé qui colle avec la situation ubuesque du pays : flics sans expérience, sans matériel, sans budget, politiques et media totalement corrompus, peuple résigné, une fois de plus, à en être réduit à la survie.
L’histoire des personnages se mêle à l’histoire du pays de façon fluide, l’auteur ne donne jamais l’impression de recracher ce qu’il a appris lors de ses recherches. Bref, sans être un chef d’œuvre, un très bon roman qui permet de s’instruire en s’amusant.
Julian Rubinstein / La ballade du voleur au whisky (Ballad of the whiskey robber, 20042), Sonatine (2014), traduit de l’américain par Clément Baude.