Les racontars de Jørn Riel mis en cases.

Vous connaissez tous, bien entendu, les délicieux racontars de Jørn Riel. Mads Madsen, William le Noir, Lasselille, Herbert et Le Comte sont quelque part dans votre caboche, en train de boire un canon aux côtés d’Harry Bosch, Sughrue, D’Artagnan, Aureliano Buendia, Dalva, Pepe Carvalho, Mario Conde, Nick Stefanos, Angela Genaro et bien d’autres …

Du moins j’espère. Si par le plus grand des hasards, vous ne les connaissiez pas, je vous fais, là, gratuitement, le plus beau des cadeaux de Noël : ruez–vous dans une librairie ouverte, et achetez tous les bouquins de Jørn Riel qui s’intitulent Blablabla et autres racontars. Vous me remercierez.

Tous ceux, nombreux, qui connaissent, ont bien entendu imaginé cette bande d’énergumènes. Ils vont pouvoir maintenant vérifier si  La vierge froide et autres racontars adaptée par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle correspond à leurs attentes. Pour ma part j’ai été comblé.

J’ai retrouvé intacts le plaisir de lecture, l’impression de dépaysement rafraîchissant (sans jeu de mots), la poésie des nouvelles. J’ai retrouvé ce mélange unique de légèreté joyeuse associée à un fond qui peut être très sombre et extrêmement dur. J’ai retrouvé cette jubilation qu’il y a à écouter des cinglés expliquer avec beaucoup d’humanité, de naturel et de tendresse comment et pourquoi ils ont dézingué un casse-bonbons.

Et Hervé Tanquerelle leur a dessiné des trognes absolument géniales. Alors certes, le découpage, la mise en page ne révolutionnent pas la BD. Mais les récits de Riel ne révolutionnent pas non plus la littérature. Mais quel plaisir ! Un plaisir d’autant plus fort que je ne pensais pas le retrouver, maintenant que l’affreux Riel a osé mettre fin à ses racontars en fermant les concessions de chasse de la côte est du Groenland !

Quoique je me sois laissé dire qu’on vient de traduire le tout dernier volume …

Bref, ne ratez pas cette BD. Il est encore temps de vous faire un très joli cadeau.

Jørn Riel, Gwen de Bonneval (adaptation) et Hervé Tanquerelle (dessin) / La vierge froide et autres racontars, Sarbacane (2009).

Comments

[Sylvain Richard]

Les racontars ! Comment remercier un écrivain pour le bien qu'il nous fait ? Quelle rigolade ! Curieusement, je compare ce style d'écriture aux meilleurs des romans de Jack Vance... Il est
vrai que les racontars cachent aussi un petit quelque chose de bien profond, mine de rien.

[Jean-Marc Laherrère]

On ne pourra jamais assez remercier Riel. Moi qui déteste l'hiver, le froid, la nuit et la neige, il m'a donné, le temps de quelques lectures, envie d'aller passer l'hiver avec sa ribambelle de
cinglés.

[Le Bibliothécaire]

Personnellement, j'ai découvert (à mon grand "regret") les racontars à la lecture du Safari arctique. Je dis "regret", car, même s'ils peuvent être lus indépendamment les uns des autres
(d'après ce que j'ai compris), j'aurais préféré commencer par le premier recueil La Vierge Froide. Cela ne m'a pas empêché, pour autant, de bien rire du début jusqu'à la fin et de me
rendre compte à quel point la solitude arctique pouvait peser sur les hommes.


Je suis ravi que La Vierge froide a été adaptée en BD, cela me donnera l'occasion de lire de la BD un de ces jours...


En attendant, je lis Heq, qui est un ouvrage (certes moins drôle) formidable, plein de poésie et d'humanité. Je suis sincèrement conquis par Jorn Riel.

[Jean-Marc Laherrère]

Les différents recueils peuvent vraiment se lire dans l'ordre que l'on veut. Sauf peut-être le dernier (la circulaire si je ne m'abuse).


Et j'aime aussi beaucoup ses romans, mais j'avoue avoir un faible pour les racontars.

[Bertrand]

Bravo de faire référence aux écrits de Jorn Riel. Je conseille également les romans plus ethnographiques de Riel et notamment la trilogie "Le chant pour celui qui désire vire" composé de Heq, Arluk
et Soré. Beaucoup plus grave que les racontars même si dans ces derniers, il ne faut pas s'arrêter au côté truculent des personnages et à leur humour plus que particulier.

Ai voyagé en Laponie Finlandaise et ai rencontré quelques bergers/ chasseurs/ pêcheurs pouvant évoquer certains côtés des personnages de Jorn Riel (y compris les conversations décousues autour de
pintes de bière).

[Jean-Marc Laherrère]

J'ai aussi les romans "sérieux" de Riel, mais je préfère quand même les racontars. Qui effectivement, ne sont pas aussi légers qu'il y paraît à la première lecture.