Après un roman un lent et lourd, il fallait un coup de fouet, du fin mais corsé, sec mais long en bouche ... Coup de chance, j’avais le dernier Marc Villard sous la main, Sharon Tate ne verra pas Altamont. Bonne pioche.
Fin 1969, trois événements défraient la chronique. Le 2 juillet, Brian Jones est découvert mort dans sa piscine. Le 9 août, Sharon Tate, l’épouse de Roman Polanski est assassinée chez eux par Charles Manson et quelques uns de ses adeptes. Le 5 décembre, pendant le concert des Stones à Altamont (Californie), une jeune noir est tué par des Hell’s Angels qui assurent le service d’ordre.
Marc Villard transforme ces trois faits divers en littérature. Il brode, invente la chair autour de ce squelette, mêle personnages fictifs et personnages réels. Bref, il réécrit l’Histoire en écrivant une histoire.
Du pur bonheur. Même si j’étais un peu jeune à l’époque (je peux le dire, je suis né en 65) pour me souvenir de ces trois événements marquants, ils sont pour tout amateur de cinéma et de musique, et/ou de culture américaine (ça va souvent ensemble) des points de référence mythiques. Les retrouver dans un roman, mis en scène, et mis en cohérence peut se révéler passionnant.
Encore faut-il que ce soit bien fait. Et c’est là que la patte Marc Villard intervient. Parce qu’il a su trouver les personnages supplémentaires, l’habillage nécessaire pour les mettre en cohérence et bâtir une vrai fiction.
Et surtout, mais c’est une lapalissade de le dire, parce qu’il y a l’écriture Marc Villard. Elle claque, percute, toutes les phrases font mouche. Pas un mot de trop, du rythme, du punch, de l’humour. Bref un vrai régal.
Petit plus non négligeable, les photos d’époque, fort bien choisies et fort bien venues, décuplent le plaisir de retrouver ces trois faits divers marquants.
Est-ce vraiment une surprise, l’ami Jeanjean aime aussi.
Marc Villard / Sharon Tate ne verra pas Altamont, Biro éditeur (2010).