Le roadmovie, ou plutôt ici le roadbook est bien entendu une spécialité américaine. Cela n’empêche pas les petits français de s’y essayer. Et même de s’y essayer avec talent et succès. Ce qui donne, par exemple, Scarelife de Max Obione.
Mosley J. Varell végète auprès de son épouse aigrie dans le Montana. Il a passé 10 ans en prison, accusé de meurtres (qu’il a commis) et survit en écrivant des scénarii pour des séries télé imbéciles. Il a également en train un projet qui lui tient à cœur : le scénario d’un film sur la vie de David Goodis. Jusqu’à ce qu’une lettre de son père, le monstre de son enfance, le tire de sa tanière et le lance sur les routes, direction la Louisiane. Sur ses traces le Nain, ancien flic qui l’avait fait arrêter et qui est persuadé qu’il a beaucoup plus de morts sur la conscience. Et sur sa route, effectivement, les cadavres ne tardent pas à fleurir.
Comme je l’écris en introduction, Max Obione est bien un écrivain français. Pourtant son roman est un roadbook 100 % américain. Et il marche. Au rythme de Mosley et des morts qu’il sème sur la route. Sans le moindre état d’âme. Il faut dire qu’en général, ils l’ont bien cherché.
Un roman qui se déguste sourire aux lèvres, comme un hommage aux grands espaces, à une foule de films et de bouquins qui nous ont tous fait rêver (même si, à part la référence ouverte à Goodis et le nom du héros, je n’ai reconnu aucune citation directe). Tous les cinglés qu’on s’attend à croiser dans ce genre d’exercice sont au rendez-vous. Un plaisir.
Si vous aimez le bon cinéma et les bons bouquins américains, si vous aimez David Goodis, vous aimerez Scarelife. Avec en prime une jolie conclusion en forme de clin d’œil.
Max Obione / Scarelife, Krakoen (2010).