Cela faisait un bon moment que je n’avais pas lu d’aventure de Varg Veum, le Lew Archer de Bergen. Fleurs amères du norvégien Gunnar Staalesen ont été l’occasion de belles retrouvailles.
Varg Veum qui sort d’une sale période et recouvre à peine la santé accepte la proposition que lui fait sa kiné (devenue une amie) de garder un œil sur la villa de deux architectes richissimes. Une proposition qui tourne court quand, le soir où elle l’amène visiter la propriété, ils découvrent un cadavre dans la piscine. Le temps que les flics arrivent, la kiné a disparu. Intrigué, Varg Veum reprend du service et se retrouve bientôt au beau milieu des affrontements entre des écologistes et la direction d’une entreprise chimique qui ne sait plus où se débarrasser de ses déchets hautement toxiques. Il croise aussi le fantôme de Camilla, gamine disparue huit ans auparavant … L’été ne sera pas serein à Bergen.
Je n’ai pas inventé tout seul la référence à Lew Archer, c’est Gunnar Staalesen lui-même qui la revendique. Et c’est vrai que Varg Veum fait penser à ce privé californien. Comme lui, il compte sur la parole (et pas sur la violence ou l’intimidation) pour faire parler les autres. Comme lui il se sent en empathie avec les victimes, surtout lorsque ce sont des enfants ou des adolescents (n’oublions pas que Veum a travaillé dans la protection de l’enfance avant d’être privé). Comme lui il est amené à mettre en lumière les failles dans les familles, à faire sortir au grand jour les secrets les mieux enfouis …
A ce titre, ces Fleurs amères sont tout à fait représentatives de la série. Car c’est bien dans les lourds secrets familiaux, d’autant plus lourds que la famille est puissante et qu’il y a beaucoup d’argent à la clé que réside la clé de l’énigme. L’occasion pour Staalesen d’égratigner, parfois avec humour, la bourgeoisie norvégienne dans ce roman qu’en France on aurait qualifié de chabrolien.
La galerie de personnages est toujours aussi réussie, les victimes très émouvantes, Varg Veum toujours aussi sympathique. Pour finir, ce roman publié en Norvège en 1991, et se déroulant à la fin des années 80 vient à point nommé pour nous montrer que les préoccupations écologiques ne datent pas d’aujourd’hui, et pour mettre en lumière le fait que, malheureusement, en vingt ans, rien ou presque n’a changé.
Gunnar Staalesen / Fleurs amères (Bitre Blomster, 1991), Folio/Policier (2010), traduit du norvégien par Alex Fouillet.