Comme je le disais donc dans mon précédent papier, j’ai découvert en lisant les magnifiques harmoniques de Marcus Malte que Bob et Mister existaient déjà, dans Le doigt d’Horace et Le lac des singes. Or, je me souvenais que ce dernier trainait quelque part dans mes piles …
C’est l’été. Mister, grand pianiste noir est au chômage, le Dauphin Vert (le club où il joue habituellement) étant fermé. C’est pourquoi il accepte de quitter Paris pour aller jouer tous les soirs au bar jazz du casino d’Evian. Sans se douter une seconde qu’il puisse y avoir, dans cette ville endormie, un tueur en série qui fait des cartons sur les gros gagnants de la roulette. Sans se douter surtout qu’il va se retrouver embringué dans cette histoire.
Il est particulièrement intéressant de lire ce roman pour se faire une petite idée de l’évolution du talent de Marcus Malte. Tout est déjà là dans ce roman qui date de 1997 : personnages étonnants et subtilement décalés, construction virtuose, écriture poétique, émotion, humour … Déjà un excellent roman.
Excellente partition, subtile interprétation … jouée sur un bon piano droit. Un très bon roman. Mais pour Les harmoniques, Marcus Malte s’est payé un Steinway, et l’interprète est au sommet de son art. Tout sonne plus riche, plus rond, plus complet. En bref plus beau, sans qu’il soit possible de mettre précisément le doigt sur ce qui fait la différence …
Les accord se sont enrichis, le toucher est encore plus fin, l’instrument rend la moindre nuance, fait passer la plus petite intention. Marcus Malte, l’excellente pianiste de bar du Lac des singes est passé, sans rien perdre de son humanité, bien au contraire, au statut de grand concertiste.
Marcus Malte / Le lac des singes, Folio policier (2009).