Ca faisait un moment que je le regardais avec gourmandise, posé sur ma table de nuit. Je me faisais plaisir par anticipation. Et puis j’ai craqué. Et ce fut aussi bon que prévu. Et trop court, comme prévu. Décidément, plus de trois ans après sa mort Dr Westlake and Mister Stark nous étonne encore. Cette fois c’est Richard Stark, qui dans Demandez au perroquet, retrouve Parker là où il l’avait laissé à la fin de A bout de course !
On retrouve donc un Parker en mauvaise posture, traqué par les flics, en plein pays bouseux. Au sommet d’une colline il tombe sur Lindahl, chasseur plein de ressentiment qui, entendant à la radio que trois truands sont recherchés pour la casse d’une banque, est venu voir s’il ne pouvait pas en tirer profit. Lindahl travaillait dans un hippodrome, et il était trop honnête. Il a voulu dénoncer des magouilles, il s’est fait virer. Depuis il rêve de se venger en allant prendre la caisse. Et Parker semble être l’homme de la situation, celui qui l’aidera à prendre sa revanche. Traqué celui-ci n’a pas le choix et s’installe donc chez le chasseur, au cœur même de la région où on le recherche activement. Mais comme toujours quand on travaille avec des amateurs, les grains de sable vont s’accumuler …
A la fois du pur Parker, comme le montre ce dialogue :
« Regardez-moi Tom.
Lindahl leva les yeux à contrecœur.
Vous voulez que je vous considère comme une source d’ennuis Tom ? »
Et une innovation dans la série : Du début à la fin Parker ne maîtrise rien, à la merci des amateurs chez qui il est tombé bien malgré lui. Son sens de l’organisation peu mis en lumière il lui reste sa capacité tactique à se sortir de toutes les situations, son génie de l’adaptation qui, à chaque moment critique, lui fait choisir la seule option qui lui permettra de survivre, sans la moindre considération morale.
C’est ça qui est délectable dans cette série, Parker est le survivant absolu, le prédateur universel : Il ne tue jamais par plaisir, évite même les morts inutiles qui rendent les flics enragés, mais n’hésite pas une seconde en cas de nécessité, avec une efficacité redoutable. Efficacité qui n’a n’égale que celle de l’écriture de Stark, au cordeau une fois de plus.
Parker aussi fascinant à voir évoluer qu’un grand fauve, économe et parfaitement précis dans ses mouvements et ses choix. On adore le « voir », on n’aimerait vraiment pas qu’il nous considère comme une source d’ennuis … Un vrai plaisir, de bout en bout.
Richard Stark / Demandez au perroquet (Ask the parrot, 2006), rivages/Thriller (2012), traduit de l’américain par Marie-Caroline Aubert.