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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 00:20

Patricia Melo est un auteur qui aime surprendre. On l’avait découverte avec le très éprouvant O Matador, elle nous avait fait rire avec Eloge du mensonge, avant de nous replonger dans l’enfer urbain de … Enfer et de nous lancer dans un road movie aux trousses de Maiquel, le héros de son premier roman, dans Monde perdu. Elle revient, encore avec un anti-héros, dans Le voleur de cadavres.


MeloLe narrateur est fade. Il a quitté une boite de télémarketing à São Paolo, pour venir s’enterrer dans une petite ville du Pantanal (si comme moi vous ne savez pas où c’est, merci ouikipédia). Il y mène une vie terne qui lui convient parfaitement jusqu’au jour où, alors qu’il est en train de pêcher, il voit un avion de tourisme s’écraser devant lui. A bord, un pilote qui meurt dans ses bras, et un sac à dos avec un joli paquet de cocaïne. Quand il décide de ne rien dire à la police et de garder le paquet, sa vie bascule, pour le meilleur, et surtout pour le pire.


Autant le dire tout de suite, ce n’est pas le meilleur Patricia Melo. A mon humble avis, il n’a pas la puissance et la noirceur de ses romans urbains. Même si j’ai pris plaisir à le lire, je l’ai refermé en me demandant un peu ce qu’elle voulait raconter. Une variation autour d’une histoire classique de trio amoureux ? La chronique de la vie dans une petite ville perdue ? Le glissement progressif d’un homme ordinaire vers la criminalité et la culpabilité ? La description d’un lieu qui semble assez unique ? Un peu tout ça peut-être, mais rien ou presque n’est vraiment mené à son terme.


Certes le paragraphe ci-dessus est sévère, trop sans doute. Parce qu’au final on suit avec intérêt le glissement du narrateur vers une certaine déchéance, on suit sa culpabilité de bonhomme ordinaire pris dans une spirale qui l’entraîne, peu à peu, vers une « perversion » qu’il n’aurait jamais pensé toucher du doigt. L’écriture, très à plat, très neutre accentue l’impression de pourriture généralisée et coller parfaitement à ce narrateur terne.


Alors pourquoi cette impression de déception ? Sans doute parce que Patricia Melo nous avait habitué à beaucoup plus fort. Parce qu’il me semble que les étendues sauvages, plusieurs fois qualifiées de véritable Paradis mais que l’auteur ne décrit jamais vraiment auraient pu être un élément essentiel du récit. Parce que certains éléments de l’histoire (comme le trio amoureux qu’on sent porteur de drame) ne sont pas vraiment utilisés …


En bref, un bon polar si l’on veut une histoire « classique » transposée dans un lieu inhabituel, mais une légère déception pour les amateurs de Patricia Melo qui nous avait habitué à mieux. Mais peut-être, du coup, étais-je trop exigent …


Patricia Melo / Le voleur de cadavres (Ladrão de cadáveres, 2010), Actes Sud (2012), traduit du portugais (Brésil) par Sébastien Roy.

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commentaires

L
J'ai lu O Matador et Enfer d'elle : j'ai été abasourdie par les deux, mais le deuxième est davantage fouillé, il y a plus de personnages, plus de contextualisation. Celui-là a l'air intéressant tout de même, dans un genre différent !
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V
<br /> Le mot n'est pas anodin le langage reflète les stéréotypes de la société<br /> <br /> <br /> Bravo pour vos articles<br />
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J
<br /> <br /> Je sais, et c'est sans doute un stéréotype, mais j'ai du mal, esthétiquement, avec les féminins des mots en "eur" ... Un problème typiquement français qui n'existe pas, par exemple, en espagnol<br /> où escritora ou autora fonctionnent très bien.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Pourquoi ne pas écrire "unE auteurE"<br />
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J
<br /> <br /> J'ai hésité, entre un auteur, une auteur et une auteure. Le troisième me semble définitivement laid (ça sonne moche à l'oreille ...), le second m'a semblé ... illogique, et comme le prénom<br /> Patricia, ne laisse aucune place au doute, j'ai opté pour un auteur. Choix uniquement esthétique et absolument pas politique ou sociologique ou ...<br /> <br /> <br /> <br />

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