Après la semi déception de Vérité, je cherchais un roman court et rafraichissant. Aux armes défuntes de Pierre Hanot repéré chez les collègues de Noir comme Polar semblait un bon candidat. Là aussi, je ne suis qu’à moitié convaincu …
1948, le brave Polmo, fait prisonnier en 40 est resté frustré dans ses ambitions guerrières. C’est ce qui le pousse à s’engager et à partir pour l’Indochine. Un voyage fastidieux suivi d’une vie de garnison moite et chiante. Jusqu’au premier accrochage qui se solde par une bastos dans le buffet. Nous retrouvons donc Polmo en … 2109.
Congelé puis décongelé il renait dans un monde futuriste archi hiérarchisé où les femmes sont rares et les délateurs légion. Bien entendu à lui les bas-fonds et les boulots de merde.
A moitié convaincu donc.
Du côté du verre à moitié plein, la gouaille de l’auteur, sa verve, son verbe. Du côté du verre à moitié vide … la même chose. Le recours systématique au dialogue façon tontons flingueurs maintient le lecteur à distance, désamorce toute velléité d’empathie ou d’émotion.
Du côté du verre à moitié plein, l’originalité et l’audace du propos. Faire cohabiter ainsi 1948 et 2109, un monde un peu moisi, fait de racisme ordinaire et de préjugés, et un monde à la 1984, avec des morceaux de littérature érotique (à la sauce Polmo quand même) c’est gonflé et au final, ça fonctionne assez bien. Du côté du verre à moitié vide, là aussi, un peu la même chose. A vouloir courir trop de lièvres à la fois, l’auteur n’en attrape vraiment aucun. Au-delà du plaisir que l’on sent que l’auteur a pris, on aurait aimé en savoir un peu plus sur ces deux mondes. Ressentir d’avantage la moiteur et la bêtise ordinaire de l’Indochine de 48, explorer davantage le monde futuriste de Pierre Hanot. Et comprendre un peu comment le brave soldat un peu mou, un peu raciste, un peu beaucoup soumis et plutôt puceau se transforme en poète érotique rebelle par l’effet d’une congélation/décongélation.
Voilà. Je suis peut-être mal luné actuellement (d’autres ont apprécié ce roman), pour ma part j’ai oscillé entre le sourire réjoui et l’agacement.
Pierre Hanot / Aux armes défuntes, Baleine (2012)
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