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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 23:13

Revoici donc Caryl Férey et Sophie Couronne qui récidivent après leur forfait poulpesque (D’amour et dope fraiche). Ils se retrouvent ici pour un travail beaucoup moins coordonné, puisque Fond de cale se « contente » de rassembler quatre textes, deux de chaque. Quatre textes qui permettent de confirmer le talent de Sophie Couronne, et de découvrir une nouvelle facette de celui de Caryl Férey.

 

Fond de cale : Une jeune femme de 19 ans revient à Brest, tenter de retrouver son premier et seul amour, FEREY-COURONNEPierrot. Mais Pierrot est parti, ne laissant que quelques peintures colées à l’intérieur de l’ancienne prison. Alors elle va s’enfermer et s’acharner, pour trouver un sens à ces œuvres, pour trouver le message qu’il lui a forcément laissé avant de s’envoler … Un Caryl Férey intimiste qui voyage aux portes de la folie. Si on retrouve sa plume rageuse, le propos est nouveau, ses « héros » habituels n’ayant pas, en général, tendance à s’isoler du monde comme le fait sa narratrice. Une belle et triste première nouvelle.

 

L’âge de pierre au ton autobiographique (mais l’est-il vraiment ?) évoque les relations entre un narrateur chétif et son grand frère, brute de sport, en permanence en rage contre le monde et la mauvaise fortune, supporter systématique de sportifs et de clubs qui perdent. Et c’est très drôle ! Ce qui est plutôt nouveau dans l’œuvre de Caryl Férey qui jusque là ne prêtait guère à rire (sauf son poulpe).

 

Et puis Caryl Férey invite Sophie Couronne. Elle nous offre deux textes qui ont la même narratrice (qui lui ressemble ?).

 

La décalcomanie s’ouvre sur la mort de Zita, suicidée à 15 ans. Une mère atroce, aucune attache, une sensibilité et une intelligence qui ne trouvent de confidents que dans les livres. Alors Zita se suicide … Mais elle se rate, c’est pourquoi elle raconte. Malgré la thématique a priori déprimante le ton est alerte, la plume vive et acérée, les coups de griffes implacables et le portrait de la mère (sorte de Folcoche) réjouissant.

 

Dans Djeddah, on retrouve Zita quelques années plus tard, elle est ingénieur du son (comme l’auteur) et décroche un contrat pour une fête exclusivement féminine en Arabie Saoudite. Là aussi la plume fait merveille, l’équipée est belle, les personnages vite et bien croqués, les conséquences kafkaïennes de la religion bien décrites, la chute fort jolie. Un beau diptyque enlevé et réjouissant.

 

En bref, un recueil plus que recommandable, pour se faire plaisir avant de repasser à du sombre bien sombre. Moisson noire aussi le recommande.

 

Caryl Férey et Sophie Couronne / Fond de cale, Après la lune (2010).

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